Научная статья на тему 'CHANT SUR ATTILA Le plus ancien oeuvre daté de la poèsie turco-mongole'

CHANT SUR ATTILA Le plus ancien oeuvre daté de la poèsie turco-mongole Текст научной статьи по специальности «Языкознание и литературоведение»

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Ключевые слова
Attila / Priscos / Jordanes / Tangra / Michelle Loi / Philippe Guilhaume et Maurice Bouvier-Ajam.

Аннотация научной статьи по языкознанию и литературоведению, автор научной работы — Grigori Tomski

Les mots de ce poème, créé en 453, nous sont parvenue grâce à Priscos et Jordanès :« Le plus grand roi des Huns, Attila, fils de Mundzuk, maître des peuples les plus vaillants, quiposséda, seul, les royaumes de Scythie et de Germanie, en vertu d’une puissance jusqu’alorsinconnue.Il frappa de terreur chacun des deux empires romains après avoir pris leurs villes et leurscités, et comme on redoutait qu’il ne s’emparât du reste de ces empires et qu’il l’ajoutât à ses proies,il se laissa touché par les prières et reçut un tribut annuel.Et après avoir réalisé tous ces hauts faits avec bonheur, il a péri, ni sous coups de l’ennemi, nipar la trahison des siens, mais dans la joie et dans les fêtes, au milieu de son peuple intact, sans lamoindre douleurs. Qui donc contera son ultime départ, que personne n’aura à venger ? »

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Текст научной работы на тему «CHANT SUR ATTILA Le plus ancien oeuvre daté de la poèsie turco-mongole»

CONCORDE, 2015, N 5

CHANT SUR ATTILA

Le plus ancien œuvre daté de la poésie turco-mongole

Professeur Grigori Tomski Académie Internationale CONCORDE

g.tomski @gmai l.com

Les mots de ce poème, créé en 453, nous sont parvenue grâce à Priscos et Jordanès :

« Le plus grand roi des Huns, Attila, fils de Mundzuk, maître des peuples les plus vaillants, qui posséda, seul, les royaumes de Scythie et de Germanie, en vertu d’une puissance jusqu’alors inconnue.

Il frappa de terreur chacun des deux empires romains après avoir pris leurs villes et leurs cités, et comme on redoutait qu’il ne s’emparât du reste de ces empires et qu’il l’ajoutât à ses proies, il se laissa touché par les prières et reçut un tribut annuel.

Et après avoir réalisé tous ces hauts faits avec bonheur, il a péri, ni sous coups de l’ennemi, ni par la trahison des siens, mais dans la joie et dans les fêtes, au milieu de son peuple intact, sans la moindre douleurs. Qui donc contera son ultime départ, que personne n ’aura à venger ? »

Mots-clès : Attila, Priscos, Jordanes, Tangra, Michelle Loi, Philippe Guilhaume et Maurice Bouvier-Ajam.

Je citerai d’abord les principales pages poètiques de mon roman historique Les amis d’Attila [1]. Puis j’utiliserai les citations de ce roman afin de commenter le Chant sur Attila.

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La vie d’Attila continuera toujours à inspirer les écrivains et les cinéastes. Mon roman donne une reconstitution aussi véridique que possible des coutumes et de la mentalité des Huns car je suis d’origine sibérienne.

En effet, Alexeï Okladnikov (de l’Académie de l’URSS) a noté : « La Sibérie ancienne turc est plus étroitement liée avec l’Occident qu’avec l’Orient. Sa culture est plus riche qu’on ne pourrait l’imaginer. Sur les rives de Baïkal, d’Angara et de Lena se croisaient les influences culturelles d’Orient et d’Occident, il existait des foyers culturels puissants ; on ne peut pas bien comprendre l’Histoire de l’Eurasie sans les connaître. »

Il souligne que la route des Huns « vers le Danube a commencé à partir de leurs forteresses de la région de Baïkal ». Mes grands-parents menaient à peu près la même vie que les Huns d’Attila.

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Beaucoup de Sakhas des rives de Lena continuent actuellement à pratiquer ce genre de vie

Le culte de Tangra, qui était la religion d’Attila et de Gengis Khan, est toujours vivant en Pays Sakha (Yakoutie) tandis qu’il est disparu depuis longtemps en Asie Centrale et en Mongolie. Le drapeau de la Yakoutie est un drapeau tangraïste, bleu et avec un soleil blanc, les croix tangraïste sont gravées sur la porte du Parlement.

La maison d’édition parisienne «E-dite» m’a proposé de publier mon roman «Les amis d’Attila» sous un nouveau titre «Attila: le premier Européen» ! J’ai écrit un scénario « Oreste, ami d’Attila » sur la commande de la société de production « Agora Médias ».

Je cite Marcel Brion : « A quelque nation qu’ils appartiennent, les hommes d’Etat ne peuvent plus nier aujourd’hui que le plan de ce roi, un des plus grands que le monde ait connus, était l’unité européenne ». On voit que ce vénérable membre de l’Académie française, pensait qu’Attila, une des grandes figures de l’histoire turco-mongols, était l’un des pères de l’Union Européenne.

Le choix de du titre Attila: le premier Européen» par un éditeur parisien est significatif. Le public européen commence à connaître une nouvelle image d’Attila grâce aux auteurs comme Michelle Loi, Philippe Guilhaume et Maurice Bouvier-Ajam. Avec son Empire (qui était la confédération de l’Europe du Nord avec une partie de l’Asie Centrale et de la Sibérie) et avec son rêve de l’Empire romano-hunnique, Attila était effectivement un précurseur de l’Union Européenne.

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Pages poétiques

« Ce n’est pas la première fois qu’Atilius visite l’Italie, mais avant il voyageait avec son père. Il retrouve facilement les partenaires traditionnels de leur librairie, négocie les contrats. Cette fois Atilius veut nouer des contacts avec les auteurs à la mode, pénétrer dans les cercles des intellectuels romains pour assurer son futur succès littéraire. Il commence à fréquenter les récitations organisées par les écrivains. D’ailleurs, avant de venir en Italie, Atilius a récité lui-même ses œuvres à l’Odéon de Lyon. Grâce au réseau de relations de son père, quelques trois mille auditeurs ont admiré son art. Mais à Rome tout est démesuré. L’Odéon de Domitien sur le Champ de Mars contient onze mille places. Le 9 septembre Atilius y participe à un concours littéraire organisé à l’occasion de l’anniversaire de l’empereur Honorius par la Ville de Rome.

Atilius passe plusieurs jours avant cette manifestation à répéter sa déclamation, il étudie avec le plus grand soin chaque geste, visite un des meilleurs coiffeurs de Rome, achète une toge neuve. Pour renforcer son moral, il relit Cicéron : « Qu’y a-t-il de plus agréable à l’esprit comme à l’oreille qu’un discours bien poli et orné par la sagesse des pensées et le poids des expressions ? »

Voilà le grand jour ! Toutes les places sont occupées car le jury est présidé pour la première fois par la jeune et belle princesse Galla Placidia qui suscite plus de curiosité des Romains que les participants du concours. Pour éviter tout risque, Atilius a demandé à ses amis de venir avec des hommes chargés, moyennant une petite rétribution, d’applaudir à tout rompre. Comme ces « auditeurs » ne sont pas particulièrement cultivés, un des amis est chargé de donner le signal des applaudissements.

Malgré tout, Atilius est loin d’être sûr du succès car les Romains portent d’habitude un jugement trop sévère sur les Provinciaux, leurs reprochent leur lourdeur, l’absence de la finesse du goût, de l’ingéniosité des sujets. Ils oublient souvent que, par exemple, deux Sénèques, Lucain, Columelle, Martial, Quintilien, Ausone, Claudien étaient des Provinciaux qui ont trouvé leur gloire à Rome. Il est vrai que l’atmosphère de Rome avec ses bibliothèques, ses théâtres et ses lieux de réunion est plus favorable à la créativité littéraire.

Vient le tour d’Atilius. Il commence d’une voix un peu tremblante d’émotion :

Trèves, la capitale du Nord, est brûlée par des Barbares féroces,

Les eaux pures de la Moselle cheminent les cendres de nos villes.

Sur les rives du fleuve, chanté par Ausone et recouvert de pampres verts,

On ne voit plus le peuple joyeux au travail et les paysans empressés.

Atilius voit se ternir le beau visage de Galla Placidia, émue par les éloges précédents des poètes de la capitale à la famille impériale. La princesse est visiblement étonnée de ce rappel des malheurs de l’Empire le jour de l’anniversaire de l’Auguste empereur qui est en train de devenir enfin le véritable Père de la Patrie. Atilius fait rapidement un raccourci et passe aux vers solennels :

Mais Rome guerrière couronnée de hautes murailles Prépare aujourd’hui sa vengeance contre ces hordes de pillards Avec son jeune empereur qui suit l’usage de ses ancêtres.

Ô Muses, mes amies, tournez vers moi vos lyres !

Le père de la Patrie marche la chevelure relevée par le diadème,

La chlamyde tyrienne couvre ses larges épaules,

Ses yeux lancent aux ennemis de menaçantes étincelles,

Les Barbares sont déjà stupéfiés avant d’être désarmés.

Les applaudissements bien orchestrés des amis d’Atilius et des hommes engagés par eux rompent la déclamation. Les amis les plus proches crient : « Bravo ! Vive l’empereur ! » La salle ne

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peut que soutenir l’enthousiasme pour l’empereur par de longs applaudissements. Satisfait, Atilius continue sa déclamation solennelle :

Honorius, notre Auguste empereur que j’ai vu sous les armes,

Donnera bientôt l’ordre d’avancer à ses légions invincibles Que rien n’arrêtera, ni les cris affreux des Vandales vagabonds,

Ni les flèches des Alains, ni les haches aiguisées des Suèves.

Il marchera sur les traces de César jusqu’à l’île de Bretagne,

Les trompettes sonores donneront signal aux combats glorieux Et les pays achetés si chèrement par le sang des soldats et des martyrs Seront de nouveau protégés par son sceptre décoré

de pierres précieuses.

Atilius voit que la princesse sourit et l’écoute attentivement. Les applaudissements et les « Bravo ! » retentissent de nouveau. Encouragé, le poète gaulois continue avec encore plus de pathétique dans sa voix :

Honorius, fils du grand Théodose, héritier de sa gloire immortelle,

Tous les bateliers qui glisseront demain sur les eaux de la Moselle Et les voyageurs sur ses rives lui chanteront de nouvelles odes.

Ô Muses, mes amies, tournez vers moi vos lyres !

Les riches vendanges revêtiront de nouveau les flancs du mont Gaurus,

Mais le théâtre de ces lieux ne charmera pas les seuls mortels Car les Satyres, les Nymphes et les Naïades aux yeux verts Joueront là-bas aux jeux de poursuite tout le long de la rive.

Les amis du poète et les hommes engagés par eux, soutenus par la salle, rompent de nouveau la déclamation par leurs applaudissements et des cris d’approbation. Atilius fixe son regard sur Galla Placidia et baisse un peu la voix :

Je suspends maintenant mes faibles chants

Pour célébrer demain à plus haute voix les grands exploits

Que notre Auguste accomplira soutenu par les prières de sa sœur

Ô Muses, mes amies, tournez vers moi vos lyres !

Toutes les têtes se tournent vers la princesse, les gens sourient et applaudissent.

Sa beauté céleste fait trembler tous les nobles cœurs,

Son palais attire les artistes qui lui apportent leurs tableaux Chacun crée son œuvre pour dépasser les autres confrères Mais toute cette beauté s’efface en présence de la princesse.

Sous la protection puissante de notre empereur et par ses actions,

Par les prières et l’assistance de sa jeune et auguste sœur L’Honneur et la Vertu reviennent aujourd’hui de leur exil,

Viendront demain la Confiance et la Paix, l’Abondance aussi.

Atilius remarque avec satisfaction que Galla Placidia est touchée par ses paroles. Sa déclamation se termine par un tonnerre d’applaudissement des onze mille auditeurs qui remplissent la salle de l’Odéon. »

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« Dans sa captivité, Atilius prie souvent Dieu, visite à chaque occasion les églises, où les hymnes rythmiques lui font oublier sa triste situation. Pourtant il commence à croire à la sincérité des intentions d’Alaric. Inspiré par le départ prochain des Goths, il compose un poème rimé. Cet exercice poétique soulage aussi son vif désir d’écrire. Il récite son nouveau poème à Alaric, entouré par ses officiers :

Je chante Alaric qui sur le Capitole planta ses étendards victorieux,

Ce vaillant roi des Goths qui voulait dans son illustre cœur la paix.

Le Père reconnu et estimé de son peuple depuis son plus jeune âge,

Il a tendu sa main aux Romains domptés par la volupté de Carthage.

En regardant que les vices des vaincus ont triomphé des vainqueurs,

Qui sont devenus incapables de se défendre contre des envahisseurs,

Touché par les larmes des innocents gaulois pleurant les victimes Il proposait à Rome la protection de son armée contre une solde légitime.

Atilius commence à ruisseler de sueur, son cœur bat plus fort, par un brusque mouvement d’un bras il pourchasse un grand moustique qui s’approche de lui et continue solennellement :

J’admire ces projets d’Alaric, preuves de son ardeur, noble et vive,

Et regrette leur rejet par Honorius qui n’a pas prêté une oreille attentive.

Cet Auguste empereur dont les conseillers ne font pas leur devoir Mais la punition subie par Olympius me donne de grands espoirs.

Alaric partira sans doute pour l’Afrique pour fonder un nouvel Etat Que mérite depuis longtemps son peuple, avec sa force et avec son éclat.

Il est en train de préparer aujourd’hui son encore plus grand dessein,

Que l’amour de son peuple et de la gloire met maintenant dans son sein ...

Atilius voit qu’Alaric est très touché par ses propos. Il termine son long poème par des mots d’espoir :

Passons des bords d’Afrique aux murs de Ravenne, volons à Rome Qui n’osera demain refuser l’amitié sincère d’un si grand homme.

Alaric excitera aux cœurs un sentiment de gloire, malgré la mollesse,

Qui a envahi depuis si longtemps le Sénat, le peuple et la noblesse.

Il réussira à réchauffer par de hardis desseins le sang des Romains,

Pour des exploits dignes de leurs ancêtres il se réveilleront demain.

Chanteront la gloire d’Alaric et d’Honorius débarrassé de ses suspects,

A deux monarques réunis par l’alliance et un grand et sincère respect.

Quand Atilius finit sa récitation, Alaric se tait un peu et puis s’exclame :

- Félicitations ! Je te remercie de tout mon cœur ! Je tiens ma promesse et tu es libre dès cet instant. »

« Les troupes accompagnèrent leur grand empereur à sa dernière demeure avec des défilés, des jeux militaires et des chants épiques :

Oh Tangra, dieu unique et tout puissant !

L’empereur Attila, fils de Mundzuc,

Maître des plus vaillants peuples,

Avec une puissance inconnue avant lui

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Créa l’Empire du Nord, d’Asie jusqu’à la Germanie.

Il éprouva les Empires d’Occident et d’Orient

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Et conquit d’innombrables cités.

Tous ces exploits accomplis

Par ta singulière faveur, Grand Tangra,

Il est mort, non sous coups de l’ennemi,

Ni par trahison des siens,

Dans la joie des fêtes,

Au sein de son peuple intact,

Sans éprouver la moindre douleur.

Les guerriers de sa Garde se griffaient les joues pour pleurer du sang car pleurer des larmes est indigne pour un vrai chevalier. Le corps d’Attila a été mis dans trois sarcophages : au-dedans en fer, ensuite en argent et au dehors en or.

L’épée d’or de la Victoire était enterrée avec lui. Personne ne sait où est sa tombe. Oreste le savait. Mais il est resté toute sa vie fidèle au serment de garder le secret pour que ne soit pas dérangé le repos d’Attila, son maître et grand ami. Certains pensent, que les Huns ont enterré leur chef sous le lit d’une rivière, après l’avoir barrée par une digue temporaire, qui fut ensuite détruite afin que personne ne trouble le sommeil éternel de l’empereur. Mais nous pensons, qu’il dort, peut-être, sur le sommet d’une haute montagne pour être plus proche du Ciel éternel. »

Tangra, dieu unique et tout puissant

Les Turc d’Altaï moins d’un siècle après Attila on fondé un grand empire. Leur ancêtres étaient dans le premier empire hun, fondé par Modoun. Les souverains turcs ont attestés sur leurs inscriptions qu’ils étaient tangraïste, que leur pouvoir vient de Tangra (« uze kek Tengri »). Cette utilisation du nom de Tangra pour la légitimation du pouvoir suprême montre que la foi tangraïste étaient depuis déjà longtemps une religion traditionnelle et reconnue des peuples et des tribus de cet immense empire. Par consequent, les Huns d’Attila pratiquaient la religion de Tangra (Tengri, Tanra).

D’après Jean-Paul Roux Tangra est la « plus haute expression du divin ... et qu’entoure un grand nombre de divinité, à la fois distinctes de lui et en faisant partie » (Historia spécial, n° 57, p. 62). Les Turco-Mongols pensaient qu’ils croyaient au même Dieu que les chrétiens, les musulmans, les juifs et que tous les religions sont les différentes voies qui mènent au même Dieu, unique et tout puissant.

La religion tangraïste a servi longtemps à la consolidation des peuples des steppes. Il suffit de citer encore une fois Jean-Paul Roux : « C’était l’idée forte des Turcs et des Mongols, celle qui sera répétée pendant quelque deux mille ans des Hiong-nou aux Ottomans. Avec quelques variantes dans la forme, dix fois, cent fois on relira cette phrase : « Comme il n’y a qu’un seul Dieu dans le ciel, il ne doit y avoir qu’un seul souverain sur la terre »» (Roux, Histoire de l’Empire mongol, p. 242).

L’empereur Attila, fils de Mundzuc,

Maître des plus vaillants peuples

« Enfin, Attila arrive avec sa belle escorte de cavaliers de fière allure aux armures brillantes et ses fougueux coursiers. Les Romains, dans la foule des habitants de la ville, observent avec intérêt son entrée dans la capitale. Les jeunes filles, vêtues de robes blanches et fines, portent un dais sous lequel les autres jeunes filles, par groupes de sept, avancent en chantant. Elles saluent Attila et reviennent en le précédant. Les habitants de la capitale saluent la procession avec des cris de joie.

Le jour suivant, Marc est déjà invité à la réception d’Attila. Oreste et Salvien, eux-aussi, n’attendent pas longtemps. Attila les reçoit avec le sourire :

- J’ai lu les lettres de Galla Placidia adressées à moi et à Oros, le khan principal. J’ai déjà composé la réponse. Mais j’aimerais bien discuter avec vous à quelques reprises. Il me serait agréable,

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après un long voyage, de parler latin avec des interlocuteurs intéressants. Je me souviens toujours avec grand plaisir de mes années d’étude en Italie. Nous aurons demain notre première réunion.

Le premier jour, Attila réunit Marc, Onégèse, Oreste, Salvien et Edecon, un officier hun parlant bien latin. Le jeune khan tient un bref discours :

- Pendant mon voyage, en Oural, j’ai rencontré un ambassadeur des Turcs bleus, peuple hunnique de l’Altaï. J’ai beaucoup discuté avec lui. Les Turcs sont des métallurgistes remarquables et plusieurs de leurs artisans travaillent dans nos ateliers militaires. C’est pourquoi, ils étaient au courant de ma visite des ateliers de l’Oural. Les Turcs, qui se trouvent à la même distance de chez nous et de la Chine, sont bien informés de ce qui se passe dans le monde.

La situation a changé ces dernières années. L’Empire chinois est gouverné par les Tabgatchs, les Joujans ont créé leur grand état plus au nord. Les Tabgatchs et les Joujans sont descendants des Huns orientaux.

« Nous le savons maintenant» pense Oreste. - « Kere-ko, Sabir, Ellak et Onégèse nous ont dejà expliqué. »

La voix d’Attila monte :

- C’est pourquoi, hormis les peuples hunniques: les Huns occidentaux, les Joujans et les Tabgatchs, il n’existe aujourd’hui dans le monde que deux forces sérieuses. Ce sont la Perse et les deux empires romains qui se considèrent toujours comme les centres de l’Univers. Les peuples hunniques ont surmonté toutes les difficultés survenues après la dislocation de l’empire fondé par la volonté de Tangra et l’énergie de Modoun le Grand. Ce n’était pas facile. Le khan Oros et moi-même, avons fait de grands efforts afin de consolider les peuples hunniques et les autres tribus du Danube à l’Oural et la mer Aral.

Cette analyse de la situation internationale bouleverse Oreste qui réalise brusquement quelle force se cache derrière ce jeune homme sans aucun signe de vanité.

Attila dit en articulant chaque mot :

- Les Huns croient que comme il n’y a qu’un seul Dieu sur le Ciel, il ne sera un jour qu’un seul souverain sur la Terre. Alors les guerres cesseront.

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Alarmés, les Romains, tout à coup, se sentent mal à l’aise et se regardent. Quelques instants de

silence.

Puis, Attila continue tranquillement :

- Les peuples des deux Empires romains se souviennent aujourd’hui avec nostalgie de la «pax romana», les siècles de paix romaine. Mais Dieu n’est plus favorable aux Romains qui ont érigé un culte de la jouissance et commis trop de pêchés et dont les souverains ont montré un orgueil incommensurable, puis sont tombés dans les délits de corruption. Par contre, Dieu est de nouveau favorable aux Huns, qui sont capables de maintenir la «pax hunna» du Danube à la Chine. Si nous concluions aujourd’hui une alliance avec les Tabgatchs, alors les peuples hunniques conquérraient rapidement le monde. Mais l’histoire nous a appris à être très prudent avec la Chine et leurs empereurs. C’est pourquoi, nous tenons à consolider et renforcer notre état. Les Joujans nous séparent de la Chine et nous préférons avoir avec eux des relations pacifiques, même si les Turcs bleus d’Altaï nous demandent parfois de calmer les intentions expansionnistes des Joujans. Je suis réaliste et pense que la progression vers la paix universelle sera longue et très difficile. Nos actions montrent bien que nous n’avons pas d’intentions agressives envers les Romains.

Etonné de ces propos pacifiques, Oreste tend l’oreille afin de bien suivre l’argumentation du jeune khan car un doute reste au fond du charme qui s’opère peu à peu sur lui :

- Nos guerriers, qui étaient mercenaires dans les armées romaines, sont contents. Leur service donne à notre état des revenus confortables. Nous sommes satisfaits des dimensions de notre état car nous avons maintenant les meilleurs pâturages au monde pour nos chevaux et notre bétail, la richesse principale de tous les peuples hunniques. Votre historien Tite-Live pensait aussi que Rome doit dominer le monde grâce au courage de ses citoyens et à la bienveillance des dieux. Maintenant vous n’avez ni l’un ni l’autre. Nous étudions l’expérience des Tabgatchs qui gouvernent la Chine et ont fondé leur dynastie impériale. Là-bas, les Tabgatchs et les autres peuples hunniques forment la cavalerie impériale, les fantassins sont chinois, l’administration chinoise reste intacte. Maintenant la Chine sort de la crise. Cette expérience est très intéressante pour nous et pour les Romains. Vous pourriez aussi sortir de la crise, si nous réussissions une alliance similaire ici, en Occident. Je ne vois pas d’autre solution pour vous. En effet, l’Empire romain d’Occident ne tient que grâce aux mercenaires huns. Je suis partisan de l’approfondissement progressif de nos relations afin d’essayer de réaliser un jour la «pax hunna-romana», de l’Espagne à l’Oural. Peut-être, négocierons-nous alors avec les Tabgatchs et Dieu nous aidera à réaliser la paix universelle.

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A cet instant Oreste pense à Julia, sourit tendrement et remercie Dieu qu’Attila ne pense pas à des incursions et à des tributs, mais réfléchisse sur les opportunités de la paix :

- Je n’oublie pas les autres peuples. Rome confrontait toujours l’anarchie et le désordre dans le monde barbare. Maintenant les chose changent. Il y a plus d’anarchie et de désordre dans le monde romain. Vos armées ne sont plus assez fortes. Ainsi les Wizigoths, qui nous ont fui sans bataille, ont vaincu ensuite les armées romaines et, il y a seize ans, ont pris Rome. Les peuples germaniques sont maintenant mieux organisés qu’autrefois. J’ai voyagé beaucoup en Germanie. Les Gépides et les Ostrogoths sont nos sujets les plus fidèles, plus fidèles que certains princes huns. Leurs rois, Ardaric et Valamir, comprennent et soutiennent mes idées. Les Huns, à la différence des Romains, gardent toujours les chefs traditionnels des peuples vaincus. Nous sommes aussi arbitres dans les conflits entre plusieurs rois germaniques indépendants, mais aussi entre les Ougres, les Slaves et certains peuples du Caucase et de la Sibérie. Nous protégeons les comptoirs sogdiens de la mer Noire à la frontière joujane. Les Sogdiens, peuple ingénieux, laissent aux Huns et aux Joujans le soin de la guerre et s’adonnent au commerce et à l’artisanat.

Attila finit son intervention et s’assoit sur son divan. Sans aucun doute, discutait-il beaucoup de ses idées avec différents interlocuteurs. On voit qu’il sait bien utiliser cet instrument de la puissance qui est l’éloquence, aussi efficace que l’or et une arme pour le chef qui la maîtrise. Onégèse et Edecon regardent les Romains avec intérêt en attendant leur réaction. »

Avec une puissance inconnue avant lui

« Oreste se réveille et respire l’air léger du matin avec la merveilleuse saveur du printemps. Depuis longtemps déjà, il a appris à dormir sur sa selle comme les Huns. Combien d’événements et d’impressions ! Ils avancent pendant plusieurs semaines vers l’est à la rencontre du soleil. Avant ils ont passé un mois au Caucase. Sur l’ordre d’Oros khan, les princes et les chefs qui étaient les vassaux du khan Oer-Barse, mort récemment, ont prêté serment de fidélité à Attila. Le serment donné au nom de Tangra, les lois de Modoun khan et l’autorité d’Attila assuraient la soumission de ces sujets.

Le soleil vient de se lever. Sur l’horizon on voit les montagnes bleues.

Attila s’écrie :

- Altaï! Le pays de nos ancêtres !

Le prince Ellac et les cavaliers de l’escorte poussent des cris de joie :

- Hourrah ! Orouï ! Aïkhal !

Après quelques heures de course folle, ils s’arrêtent au bord de la rivière, chez le prince des Turcs, flatté par la visite de tels hôtes de marque. La tribu locale ne fait pas partie de l’état d’Oros et Attila, mais garde toujours sa neutralité car elle éprouvait du sud la pression des Joujans. Le dialecte turc se distinguait de celui de la plupart des Huns rencontrés par Oreste, mais était tout à fait compréhensible.

Le prince turc dit :

- Nous vivons aussi selon les lois de Modoun khan et nous supplions Tangra du rétablissement de l’unité de toutes les tribus solaires hunes avec les brides sur le dos. Puisqu’au ciel il n’y a qu’un seul Dieu, sur la terre il ne doit être qu’un seul souverain, qui garantira la paix entre tous les pays. Les Joujans possèdent les terres principales des anciens Huns et pensent que ce sont eux qui doivent rétablir l’empire hun, mais ils ne suivent pas toujours les lois de Modoun khan. Ils disent, que les Tabgacths servent avec trop de zèle les intérêts de leurs sujets chinois.

On commence à parler ensuite de l’itinéraire ultérieur d’Attila qui veut parvenir cette fois jusqu’au centre du premier empire hun. Le prince dit :

- Personne, sauf le khan des Joujans, ne peut vous empêcher de visiter les tombes de vos ancêtres. Je pense, que lui aussi n’osera pas vous empêcher et, peut être, sera-t-il même très content de vous rencontrer. Je peux aller le voir avec un de vos officiers afin de lui expliquer vos intentions. Vous pouvez aller tranquillement vers Baïkal, là-bas je vous retrouverai. Nos voyages doivent normalement

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avoir la même durée. Ensuite je voudrais aller avec vous vers la rivière Orkhon. C’est aussi intéressant pour moi de visiter ces endroits.

***

Rive occidentale du lac Baïkal. Attila et sa suite sont montés au sommet d’une haute montagne, sacrée pour les habitants du pays, pour regarder le soleil levant. Oreste, qui sait que les Huns récitent silencieusement des prières courtes, commence aussi en silence sa prière chrétienne.

Quand le soleil monte, Attila demande à sa suite de le laisser avec Ellak et de redescendre au camp en bas de la montagne. Le père et le fils regardent longtemps le grand lac des ancêtres. Attila a vu les mers Méditerranée, Noire, Caspienne, Aral, Baltique et la mer du Nord, mais n’a jamais éprouvé une telle émotion. Il respire profondément, avec bonheur et délice, à grandes goulées l’air frais ; contemple ces eaux et ces montagnes bleues, pour ne point les oublier ; s’enivre de l’odeur de la taïga et des steppes.

Puis Attila se calme et dit à son fils :

- Nos ancêtres ont été obligés de quitter ces terres. La Chine dressa contre eux les peuples voisins et brouilla les chefs. Beaucoup de générations de nos ancêtres vivaient paisiblement entre l’Oural et la mer d’Aral. Un jour, Tangra leur envoya une biche avec des cornes d’or, qui les guida vers la gloire militaire, leur rappela la grandeur de nos ancêtres. Maintenant nous avons créé notre puissant El. Et ton nom Ellak signifie «Celui qui possède un état» ou «Paisible», car le mot «el» a les deux significations «état» et «paix». Tu sais que les Huns ne peuvent même pas sortir leurs armes de leurs fourreaux sans l’ordre du khan. Nous avons ainsi une responsabilité immense, nous seuls répondons devant Tangra des victimes inévitables des guerres pour l’ordre sur la terre. La vie humaine est courte, je m’occuperai de la paix et de l’ordre à l’Ouest. Tu continueras cela ensuite à l’Est sur la terre de nos ancêtres.

Attila et Ellak détachent leurs ceintures et les mettent à leurs cous. Ils s’assoient ensuite sur le rocher et communiquent longtemps dans leurs esprits avec Tangra.

Au camp, ils sont attendus par le prince d’Altaï qui vient d’arriver avec un prince joujan, qui les salue par ces mots :

- Mon père, le ka-khan des Joujans salue le khan Attila et le prince Ellak ! Je vous accompagnerai au bord d’Orkhon, où il vous attend.

Commence ensuite le festin amical avec des flots de koumyz pétillant. Oreste remarque que la langue joujane est déjà plus difficile à comprendre et que les interlocuteurs doivent parfois recourir à l’aide des Turcs. Mais plusieurs joujans parlent bien le dialecte d’Altaï. La possibilité de se comprendre presque sans traduction donne à tout le monde un grand plaisir. Ellak remarque :

- Les commerçants tabgatchs viennent jusqu’à la Volga. Nous comprenons leur langue.

Les Joujans froncent les sourcils :

- Ils perdront bientôt leur énergie hune et se transformeront en Chinois. Plusieurs Tabgatchs vivent dans les villes, les fonctionnaires chinois ont commencé à séparer l’empereur des guerriers. Ils le considèrent déjà comme leur souverain et pas comme le khan des Tabgatchs. Nous avons des relations difficiles.

Le prince d’Altaï corrige :

- Une partie des Sakas avec de hauts nez et les yeux clairs, vivant avant nous à Altaï, est partie pour ce pays. Certains continuent à vivre jusqu’à maintenant dans nos montagnes. Ils parlent une langue, proche de la nôtre et sont éleveurs de bétail.

Nur-gun confirme cela :

- Mes ancêtres étaient de cette tribu. Afin d’atteindre l’embouchure de ce fleuve il faut rester sur un radeau, porté par le courant, pendant tout l’été. Là-bas, le soleil en été ne se couche pas ...

Oreste ne croit pas à ce récit.

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Dans les steppes, du lac Baïkal jusqu’à l’Orkhon, les voyageurs remarquent les traces des anciennes villes. Ils voient des hameaux de maisons octogonales en bois. Une partie de la population vit dans des maisons semi-enterrées en brique et en pierre. L’entrée des maisons est toujours à l’est. Le foyer se trouve dans l’angle nord-est. Oreste s’étonne, que le tuyau de cheminée passe sous les lits et les bancs le long des murs afin d’augmenter le rendement du chauffage du foyer.

Oreste se rappelle une couche noire produite par la fumée sur les murs des maisons des Romains simples. Les maisons traditionnelles romaines ne comprenaient qu’une pièce. Elle servait de cuisine, de cantine et de chambre à coucher. Certains pensent, que son nom «atrium» vient du mot «ater» («noir»)car elle n’avait pas de tuyau de cheminée. Pour cela et pour l’éclairage n’existait qu’un trou rectangulaire au centre du toit. La lumière entrait aussi par la porte. Les fenêtres n’existaient pratiquement pas. Certaines maisons possédaient des pièces divisées par des cloisons. On avait d’habitude une remise en planches nommée «tablinium» du mot «tabula» («planche»). Les Romains ont appris à construire de telles maisons des Etrusques. Avant ils n’avaient que des cabanes rectangulaires ou rondes sans fenêtres et même sans trou pour la sortie de la fumée.

Au bord d’Orkhon ils voient un camp militaire avec une tente royale au milieu. Le ka-khan les rencontre amicalement :

- Je salue le khan et le prince du grand El des Huns de l’Ouest ! Je suis content que vous ayez décidé de visiter la terre et les tombes de vos ancêtres.

Un grand festin commence. En levant une coupe de vin chinois, le ka-khan dit :

- Nous avons ici un scientifique chinois d’origine hune, Bilguen. Il est venu, lui aussi, visiter la terre de ses ancêtres. Son récit sera intéressant pour nous.

Bilguen, après quelques formules de politesse, commence son récit avec plaisir :

- Vous connaissez bien les légendes sur Modoun. J’entendais des récits presque identiques des simples guerriers tabgachts en Chine, des bergers sur les bords d’Orkhon et dans les montagnes d’Otuken. C’est pourquoi, je vous raconterai seulement les détails sur la fondation de l’empire hun communiqués par Syma Ciane. Il y a environ six siècles et demi, Modoun a fait ses premières incursions en Chine, où venait de tomber la dynastie Cine. Le nombre de sa troupe était évalué à 300.000 personnes. L’empereur Gao-Tzou conduisit personnellement les troupes contre Modoun, mais les Huns ont appliqué la tactique ordinaire des cavaliers des steppes. En feignant la fuite, Modoun a attiré les détachements chinois dans un piège et a encerclé l’avant-garde de l’armée chinoise avec l’empereur près du village Baïdyn, non loin de la ville de Pintchen. Modoun avait quatre armées qui se distinguaient par les couleurs des chevaux : blanc, gris, moreau et roux.

Ellak s’exclame :

- D’où vient notre armée sur les chevaux blancs : le peuple Ak-at-seri!

L’animation est générale. Bilguen continue son récit :

- Gao-Tzou était obligé de conclure avec Modoun un accord de paix et de parenté, de lui donner une princesse pour épouse et de s’engager à payer un tribut annuel. Modoun a créé une puissance, tellement forte, que les Chinois la comparaient avec l’Empire du Milieu. Trente ans après un prince hun frontalier attaqua la Chine. L’empereur a mobilisé l’armée, mais les Huns n’ont pas livré bataille. La cour chinoise, en prenant en considération la force des Huns, a restauré avec eux des relations de paix. Selon un nouvel accord, la puissance hune était reconnue égale de l’Empire chinois, et les deux empereurs se nommaient l’un l’autre frères. La même année les Huns avait d’importantes victoires à leur frontière occidentale...

Tout ce que voit et entend Oreste, confirme l’analyse d’Attila de la situation internationale. Attila conclut avec le ka-khan un accord d’amitié qui prévoit le respect de la zone des peuples et tribus neutres. Celles-ci pouvaient accepter une proposition de participation aux incursions à l’est, entreprises par le kha-khan des Joujans ou dans les entreprises à l’ouest, conduites par Attila.

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Le ka-khan propose aux visiteurs :

- Vous pouvez maintenant aller regarder et visiter la Grande muraille de Chine construite contre nos ancêtres communs. Après votre grand voyage, cela ressemblera à une petite promenade.

Les yeux d’Ellak et d’Oreste s’enflamment. Attila dit :

- Nous devons revenir bientôt sur le Danube. Cette fois notre voyage est trop long. Mais je brûle, moi aussi, du désir de contempler cette Grande muraille qui témoigne si bien de la puissance de nos ancêtres.

Accompagné par Bilguen qui connaît bien le gouverneur tabgatch de la province frontalière, Attila et sa suite font un voyage fascinant à la ville frontalière chinoise, montent sur le mur et admirent les steppes infinies au nord et la province peuplée au sud. Attila décline avec regret une aimable proposition du gouverneur d’aller avec lui rencontrer l’empereur tabgatch de la Chine et confie à Edecon la mission d’aller à la capitale de la Chine accompagné par Bilguen. On organise un banquet final dans une tour de la Grande muraille, sur le toit de laquelle sont hissés à cette occasion les étendards tabgatchs, huns et joujans. »

Créa l’Empire du Nord, d’Asie jusqu’à la Germanie

« Après la campagne de Gaule, Attila sent une fatigue inhabituelle pour lui. Il a maintenant cinquante six ans. Ses cheveux commencent à blanchir, les hémorragies désagréables du nez à quoi il portait avant si peu d’attention sont devenues plus fréquentes. Son fils ainé Ellak a presque quarante ans. Soudain, Attila décide qu’il doit annoncer son testament.

Certes, il vivra encore longtemps. Mais il faut déjà commencer à préparer ses fils au futur. Ils ne comprennent pas encore toutes ses idées. C’est vrai, qu’il n’a jamais eu le temps de les leur expliquer beaucoup. Mieux vaut tard que jamais. Il a encore assez de temps. Attila étale une carte sur la table et commence à réfléchir.

Il faut avant tout garder l’unité de l’empire, qui doit se développer comme une union de formations autonomes. Autrement, il est absolument impossible de diriger ces territoires immenses. Ellak sera l’empereur fédéral. Onégèse, avec son grande expérience, l’aidera. En plus, il est son ancien professeur. Ellak connaît bien la Grande steppe, mais comprend peu les mondes romains et germaniques. C’est pourquoi, Attila l’a fait participer à sa guerre à l’Ouest. Ellak était heureux d’atteindre la dernière mer occidentale. Il devra ensuite, comme Attila, voyager beaucoup dans l’Empire immense.

Er-Nak, son fils cadet gouvernera la Gaule, l’Italie et les autres territoires appartenant actuellement à l’Empire romain d’Occident. Pour gouverner avec succès ces territoires il doit recevoir, tout comme son père, une formation gréco-romaine. C’est pourquoi, il peut être aidé par Edecon, guerrier des steppes. L’avantage d’Edecon est, que tout en connaissant parfaitement les traditions de la Grande steppe, il possède l’esprit strict de l’ingénieur inné.

On prédit qu’Er-Nak aura une descendance brillante, qu’il soit donc le successeur d’Ellak comme empereur fédéral.

Gheism, qui a du sang gépide, régnera sur les Balkans. Il sera assisté par Oreste, originaire de la Pannonie, qui a géré brillamment les territoires balkaniques occupés pendant la guerre avec l’Empire romain d’Orient. Certes, le roi Ardaric aidera aussi son neveu. On ajoutera ensuite à cette partie de l’Empire hun les autres possessions actuelles de l’Empire romain d’Orient.

Uzun-Tour gouvernera l’Allemagne et l’Europe Centrale de l’Oder au Dniepr. Denghizik règnera sur les territoires du Dniepr à la Volga, l’Oural et la Sibérie. Emnedzar gouvernera les steppes du Caucase aux périphéries les plus orientales de l’Empire.

Toutes ces parties de l’empire seront à leur tour des fédérations d’états autonomes, de peuples et de tribus. Il faudra beaucoup de travail afin de bien faire fonctionner ce système politique. Il doit terminer cette grande guerre plus vite que la précédente. Le temps lui manque cruellement pour mener à bien tous ses projets ! Mais il a déjà fait beaucoup. Les Huns, après quelques siècles d’anarchie, ont

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perdu de nombreuses traditions impériales. Heureusement, ils ont gardé intacte leur organisation militaire, leur religion tangraïste et le respect des lois principales de Modoun-khan.

Mais jusqu’à Attila, pendant des décennies, les khans huns se contentaient du titre honorable de généraux romains et de la solde correspondante. Plusieurs princes avaient des titres d’officier. Les autres Huns servaient, souvent sans permission de leurs khans et princes, comme mercenaires chez les Romains. Oros et Attila ont fait de très grands efforts pour réunir de nouveau les Huns et recréer l’Empire sur les nouveaux territoires.

Maintenant l’Empire du Nord est solide comme jamais. On croit qu’il existera longtemps. Mais une inquiétude vague serre le cœur d’Attila. Les guerriers des steppes reconnaissent seulement les souverains qui peuvent prouver par leurs actions que Tangra leur est favorable. Attila est reconnu par eux depuis longtemps. Mais dans les steppes il y a beaucoup de chevaliers ambitieux de nobles familles royales et princières.

Ses fils réussiront-ils à garder le pouvoir sur tous les vassaux guerriers ? Si non, la steppe sera plongée de nouveau dans l’anarchie. Ensuite apparaîtra inévitablement un roi fort qui fondera un nouvel Empire des steppes. Mais il sera probablement un conquérant cruel.

Attila met la carte au milieu de la table et ordonne à sa garde d’ouvrir la porte. Entrent ses fils Ellak, Uzun-Tour et Denghizik ayant les titres de khans ou de princes et les compagnons les plus proches : Onégèse, Oreste et Edecon. L’empereur les invite à s’asseoir :

- Nous parlerons aujourd’hui de l’avenir de notre Empire et du monde entier ... »

Il éprouva les Empires d’Occident et d’Orient

« Le palais impérial de Constantinople était agité par la nouvelle de la mort de l’impératrice hune Kere-ko qu’on appelait ici Kerka. On disait qu’Attila avait brûlé par désespoir le palais de sa femme devenu terriblement vide !

Le cœur d’Honoria bat d’une admiration involontaire. Attila est non seulement un élu de Dieu qui a reçu l’épée d’or divine, mais il est encore capable d’un grand amour ! Comme Honoria, elle-même ! Il est le fondateur du nouvel empire victorieux, elle est une princesse, ayant droit sur le trône de l’empire ancien et prestigieux qui a été privé de son titre d’Augusta par suite des intrigues d’Aetius et de Valentinien. Maintenant, après la mort de Kerka, elle peut devenir l’impératrice hune et donner à Attila le droit à la possession de la moitié de l’Empire romain d’Occident !

Honoria ne trahit personne, elle veut sauver la civilisation romaine. C’est Valentinien qui l’a trahie, ayant ordonné de tuer son cher Eugène ! Et Théodose après avoir essuyé la défaite avec le glaive, a décidé de vaincre Attila par le poison ! Quelle lâcheté ! Avec quelle intelligence et habilité il a été remis à sa place et ridiculisé par Attila !

Non, elle n’a pas pitié de son frère et de son oncle! Mais elle épargnera leurs vies, les enverra au couvent prier Dieu de leur pardonner leurs grands péchés. D’ailleurs, ils prient Dieu tout le temps. Mais il n’ont pas de foi sincère dans leurs âmes. Malgré sa fanatique religiosité, Augusta Pulchérie a ordonné au comte Saturnun de tuer deux prêtres proches de l’ancienne impératrice Eudoxie. Non, il faudra les envoyer en exil dans une périphérie éloignée de l’Empire hun, par exemple, en Sibérie.

Honoria voit de nouveau Attila sur un cheval blanc avec son épée d’or dans son rêve. Non, il ne faut plus attendre. La décision est prise. Elle sera la première dame du monde ! Il faut envoyer à Attila un messager sûr avec une lettre et une bague de fiançailles.

A qui confier cette mission délicate et discrète ? Bien sûr à Jacinte ! Ce jeune serviteur est très positif à la différence des autres eunuques et éprouve pour elle une sympathie et une amitié sincère. Toutes ces années, ils ont beaucoup parlé et Jacinte la comprend bien, il faut seulement discuter encore avec lui comment mieux répondre aux questions de l’empereur hun.

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Attila est ému. Il a éprouvé le même sentiment, quand le berger hun lui a apporté l’épée d’or de la Victoire trouvée dans la steppe de la mer Noire. Tangra lui donne maintenant la main d’une fière princesse, héritière du trône d’un empire, et de quel empire!

Il presse le messager de questions :

- Racontez moi tout sur la princesse. Quel âge a-t-elle ? Est-elle belle ? Est-elle intelligente ? Pourquoi n’est-elle pas mariée ?

Jacinte raconte tout ce qu’il sait :

- Honoria est belle, elle est fidèle et sincère, elle était malheureuse et mérite plus que toutes les autres femmes aide et amour...

Attila écoute attentivement le récit, pose de nouvelles questions. Sans aucun doute, Honoria lui est envoyée par Dieu, lui-même, pour faciliter la réalisation du plan de la création de l’Empire romano-hunnique. Il suffit de rendre à Honoria son titre d’Augusta et ils auront toute la légitimité de gouverner l’Empire romain d’Occident. Ainsi, Attila et Honoria composent un couple idéal pour gouverner ensemble le futur Empire romano-hunnique. »

Et conquit d’innombrables cités

« Attila rencontre Aignan assez froidement :

- Au début du siège, vous étiez prévenu de toutes les conséquences de la résistance. Vous savez parfaitement que je suis venu en Gaule sur l’invitation de votre princesse Honoria injustement privée de son titre d’Augusta. Vous savez aussi que le général Marcien à Constantinople est devenu empereur seulement grâce à son mariage avec Augusta Pulchérie. J’ai aussi l’intention de devenir votre empereur légal et de gouverner ensemble avec Honoria au lieu de cet incapable Valentinien que vous avez critiqué si courageusement pendant votre visite à Ravenne. C’est pourquoi vous deviez au moins rester neutre, et ne pas résister avec autant d’acharnement. Votre ville sera bientôt prise et rasée de la surface de la terre.

- Ayant détruit notre ville vous resterez dans les mémoires pour les siècles suivants comme un conquérant cruel et impitoyable. Nous sommes prêts à cesser la résistance et vous ouvrir les portes. Je vous demande seulement de ne pas tuer les habitants et les soldats, de ne pas détruire et incendier la ville. Si nous faisons comme ça, nous garderons les vies de milliers de vos et de nos soldats. Alors la mémoire de votre acte noble sera transmise de génération en génération!

Attila réfléchit :

- C’est vrai, vous avez raison !

Ensuite il sourit :

- Je veux qu’on commence à me percevoir comme un futur codirigeant de l’Empire romain et le garant de l’ordre et de la paix. Les destructions des villes au nord n’étaient effectuées que par suite de considérations stratégiques et de la résistance des habitants.

Aignan se réjouit de l’amélioration de l’humeur de l’empereur hun. Attila prend l’air sérieux :

- J’accepte vos conditions. Demain matin vous ouvrirez les portes et nos troupes, choisies pour cette opération, entreront dans la ville. Toutes vos armes doivent être déjà chargées sur les chariots. Nos guerriers expérimentés, ayant servi plusieurs années en Gaule et connaissant bien les coutumes et la vie romaines, visiteront toutes les maisons et confisqueront bijoux et autres objets de valeur. Vous comprenez certainement que c’est une petite punition pour vous être laissé imprudemment entraîné dans un conflit armé par une partie incapable de vous protéger.

Prudent, Aignan préfère garder le silence...

Loup, évêque de Troyes, encouragé par l’exemple de Geneviève et d’Aignan, sort de sa ville, rencontre Attila et s’entend vite avec lui. Ils décident que Troyes paiera le tribut aux Huns, ne participera pas aux actions militaires contre Attila et donnera des otages en garantie de cet accord.

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Loup est prêt à devenir lui-même un des otages afin de sauver les citadins, mais l’empereur hun libère le vieil évêque après une conversation amicale. Les habitants de Troyes perçoivent leur sauvetage comme un grand miracle et Loup, comme Aignan à Orléans et Geneviève à Paris, commence à être perçu comme un saint protecteur vivant de sa ville. »

Tous ces exploits accomplis

Par ta singulière faveur, Grand Tangra,

Il est mort, non sous coups de l’ennemi,

Ni par trahison des siens,

Dans la joie des fêtes,

Au sein de son peuple intact,

Sans éprouver la moindre douleur

« Oreste et Julia continuent à vivre paisiblement à Petavium. Mais les malheurs de l’Empire touchent leurs cœurs. Au début de l’année 456 ils reçoivent de Rome un panégyrique à la gloire du nouvel empereur Avitius par Sidoine Apollinaire. Julia commence à lire :

« O Phébus, toi qui vas voir enfin dans ta course par le monde un homme que tu puisses souffrir comme ton égal, garde tes rayons pour le ciel. »

Oreste sourit :

- C’est un peu fort pour un empereur installé sur le trône par les Wisigoths. Ce n’est pas très intéressant mais j’aime écouter ta voix.

- Qu’est ce que je vois ! « Combat singulier contre un guerrier hun de l’armée de Litorius » . Elle lit un peu puis s’exclame :

- C’est n’importe quoi ! Je laisse tomber. Et voilà « L’invasion d’Attila ».

Oreste dresse l’oreille, Julia déclame :

« Soudain la Barbarie, faisant déborder ses flots tumultueux, avait déversé sur toi, Gaule, toutes les hordes du Nord : après le Ruge belliqueux vient le cruel Gépide qu’accompagne le Gélon ; le Burgonde talonne le Scire ; le Hun, le Bellonote, le Neurien, le Bastarne, le Thuringien, le Bructère se déchaînent, ainsi que le Franc dont le pays est baigné par l’eau du Nektar couvert d’ulves ; sous les coups de la hache tomba rapidement la forêt Hercynienne, et l’aulne, transformé en barques, tissa sur le Rhin un pont de bateau... »

Les souvenirs inoubliables de la Grande Armée revivent dans le cerveau d’Oreste qui commente sèchement :

- C’est court et trop exagéré : « Avitus ... était déjà l’espoir du monde, comme il l’est encore aujourd’hui. » »

« Julia annonce à Oreste qui entre dans la chambre de sa femme:

- Ma cousine de Rome nous a envoyé un nouveau panégyrique.

- Un panégyrique de Majorien ?

- Oui, devine qui est son auteur.

- Peut être un beau frère de l’empereur.

- Pourquoi le penses-tu ?

Oreste rit :

- Un panégyrique d’Avitus a été écrit par son beau-fils. Majorien est jeune et n’a pas de beau-fils. Mais un mauvais exemple est contagieux et ce panégyrique est probablement écrit par un des parents du jeune empereur.

- Pas du tout ! L’auteur est Sidoine Apollinaire.

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Julia recommence à lire :

« Nous suivons un jeune homme attaché sans fin à la peine. Les plus braves, quels qu’ils soient, rois ou peuples, sont enfermés aujourd’hui dans le camp ou même reposent sous la tente, au soleil. Nous, nous bouleversons l’emploi des saisons ; les ordres de Majorien seront pour la nature la loi. Rien ne le détourne de ses entreprises, et il pense qu’il se ferait du tort à redouter la colère des éléments, même s’il ne peut les affronter qu’à ses dépens. Dans quelle nation dirai-je qu’est né cet homme qui lasse l’endurance d’un Scythe comme moi ? »

Etonnée, Oreste s’exclame :

- Ce guerrier est un Hun !

Julia continue :

« Voici qu’il rallie au sommet de la côte ses escadrons transis et il se rit du froid car chez lui seule la chaleur du cœur l’emporte. »

- Excellent ! Quelle belle expression : « seule la chaleur du cœur l’emporte» ! Je commence à apprécier l’art poétique de ce Sidoine Apollinaire.

- Oui, c’est excellent ! Continuons : « Quand je suivais les trompettes du roi du Nord ... »

Très ému, Oreste l’interrompt :

- Roi du Nord, c’est Attila ! Un poète romain décrit les propos d’un ancien soldat d’Attila, peut-être, de mon armée !

Julia aussi est émue, après un moment de silence rempli de souvenirs, elle reprend sa lecture :

« Quand je suivais les trompettes du roi du Nord, on me disait que les armées de l’empereur romain et la maison des Césars étaient à jamais endormies dans la mollesse. »

- Exact ! C’est pourquoi, je commence à apprécier tant Majorien si différent de ses prédécesseurs : Honorius, Valentinien, Pétrone et Avitus. »

« Salvien, après avoir pris sa retraite, s’installe avec sa famille non loin de Ravenne dans une villa achetée avec la rémunération généreuse pour son service de la part de Galla Placidia et de Valentinien. Pendant ces années, se succèdent huit empereurs. En 455-456, régnait Avitus, ancien officier d’Aetius, ensuite le préfet du prétoire de la Gaule. Celui qui a persuadé les Wisigoths de participer à la bataille des Champs catalauniques. Après sa chute, Salvien a cessé de s’intéresser aux nouvelles politiques. Il n’y avait rien qui pouvait consoler les Romains. L’Empire se disloquait rapidement.

Il se passe encore dix-neuf ans. Romulus Augustule devient le nouvel empereur. Salvien n’a pas compris tout de suite qu’Oreste, le père du jeune empereur et patrice de l’Empire, est son vieil ami. Quand il le comprend, il est frappé jusqu’au plus profond de son âme. Le ministre et le général d’Attila est devenu le régent et le patrice, le commandant en chef de l’armée et son fils est l’empereur ! Ensuite naît un faible espoir. Peut être, sous la direction de son père expérimenté, le jeune empereur sera un bon souverain. Mais il se rappelle quels espoirs portait Galla Placidia pour son fils Valentinien et comment ensuite ils furent déçus.

En été 476, Salvien décide d’essayer de rencontrer et de parler avec Oreste. Le régent le reçoit étonnamment vite. Dans la même pièce du palais impérial, où Salvien parlait d’habitude avec Galla Placidia !

Les deux vieillards costauds se serrent joyeusement les mains. Oreste dit simplement :

- Quand on m’a rapporté ta demande, j’ai compris tout de suite de qui il s’agissait. Tu sais, nous avons beaucoup d’années. Il reste peu de gens de notre génération et c’est, peut-être, notre dernière conversation.

Salvien se réjouit :

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- Je suis très content, que vous vous rappeliez d’un officier modeste. Je vous ai remarqué la dernière fois sur un cheval blanc en tête d’une des armées hunes quittant son camp sur les Champs catalaunique. Maintenant vous êtes le régent de l’Empire !

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Le patrice dit avec une tristesse non dissimulée :

- Oui, j’ai vécu une vie intéressante. Je regrette seulement qu’Attila soit mort si tôt. En effet, il pouvait vivre aussi longtemps que nous. Le monde serait alors bien différent !

Salvien demande :

- C’est une question que je voulais vous poser. Vous pensez encore qu’Attila était capable de créer un Empire romano-hunnique stable et assurer la «pax hunna romana» de l’Espagne jusqu’à l’Oural et la mer Aral ?

Oreste secoue affirmativement la tête :

- Il lui a manqué seulement quelques années ! Pourquoi en doutes-tu ? C’est très agréable pour moi de discuter de ce sujet. Je suis prêt à répondre à toutes tes questions.

Une discussion animée commence. D’abord, Salvien remarque :

- Je suis troublé par la désagrégation rapide de l’Empire hun après la mort d’Attila.

- Ici, il y a eu beaucoup de hasards. Premièrement la mort d’Attila a surpris tout le monde. Aucune préparation sérieuse de sa succession n’avait même été commencée. En effet, Attila est devenu le roi des Huns après la mort du khan Oros sans aucun problème. La révolte d’Ardaric était aussi une surprise. Le plus grand hasard est la mort d’Ellak en 454. Mais maintenant, le jeune khan Er-Nak tient ferme le pouvoir sur les Huns des steppes de la mer Noire, il y a beaucoup de Huns sur le Danube sous la direction de Gheism. Je pense que dans une Grande steppe apparaîtront bientôt de nouveaux empires forts.

- A propos, quels sont les destins d’Onégèse et d’Edecon ?

- Onégèse avec sa femme sont rentrés en Grèce et installés dans sa ville natale dont ils sont devenus les citoyens les plus respectés. Edecon était jusqu’à récemment le roi les Scyres. Son fils Odoacre est maintenant le général romain.

Salvien pose une question directe :

- Vous et Onégèse, n’aviez-vous pas de problèmes avec la justice romaine? En effet, vous luttiez beaucoup et avec succès contre les armées romaines.

Oreste secoue négativement la tête :

- Jamais ! J’ai remarqué pendant toutes ces années que tous les gens intelligents comprenaient bien qu’Attila était un homme noble, qu’il estimait la civilisation romaine et voulait sauver ses acquisitions. En outre, nous étions invités par le gouvernement de Constantinople qui préférait nous voir comme citoyens que comme conseillers des rois huns. Nous avons reçu des garanties de notre sécurité personnelle et de l’inviolabilité de nos biens. Après la mort d’Ellak et la révolte d’Ardaric nous étions libres et ne voyions pas un grand intérêt de rester dans la steppe.

Salvien continue son extraordinaire interrogatoire :

- Maintenant l’armée romaine est composée presque entièrement de Barbares. Ils commencent à occuper les meilleures terres, se comportent comme des maîtres.

Oreste répond avec assurance :

- Les Huns aiment les steppes, ils ne prétendraient jamais aux terres et après le service dans la cavalerie rentreront dans leur pays. Je veux commencer les négociations avec Er-Nak et Gheism sur le recrutement pour le service en Italie des corps de cavalerie sous le commandement des vétérans de mon armée hune. L’armée actuelle romaine est extrêmement hétérogène et incertaine. Je rêve que mon fils Romulus soit le fondateur du nouvel Empire romain avec une cavalerie hune disciplinée et une infanterie professionnelle. Vous vous rappelez qu’Avitus est devenu empereur grâce au soutien de l’armée wisigothe. Mais les Wisigoths sont bientôt repartis d’Italie avec une insouciance étonnante pour résoudre je ne sais quelles affaires de leur royaume et Avitus a été renversé. Ensuite la même histoire s’est répétée, quand le roi burgonde Gondebaud a proclamé empereur son soldat Glycerius! Vous rappelez-vous maintenant le règne du général suève Ricimer qui a placé sur le trône successivement quatre empereurs, à partir de Majorien et en finissant par Olybrius !

Salvien consent :

- Certainement, Attila n’aurait pas changé si fréquemment les empereurs au cas où il refusait de porter lui-même le diadème d’empereur romain.

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Oreste dit d’un ton persuadé :

- Il est possible qu’Honoria a péri comme Aetius seulement après la mort d’Attila. Dans ce cas Attila et elle seraient devenus deux co-dirigeants de l’Empire romano-hunnique même sans se marier. Si Honoria avait péri plus tôt, Attila pouvait convaincre rapidement le pape romain Léon de poser sur sa tête le diadème romain impérial. Il pouvait y avoir d’autres solutions. Dans l’Empire romain d’Occident romain, après la mort d’Attila, les Wisigoths, les Burgondes et les Suèves ont tenté de réaliser ses idées. Mais ils n’avaient, ni d’assez fortes armées, ni le prestige, ni le génie politique d’Attila.

Un officier essoufflé entre et rapporte :

- L’insurrection dans l’armée ! Les guerriers demandent un tiers de toutes les terres d’Italie.

Oreste sourit amèrement :

- Je n’ai pas eu le temps de négocier avec les Huns ! Maintenant, ce sont les Hérules qui ont décidé d’essayer, sous la direction d’un ancien soldat de l’armée hune qui s’est battu sur les Champs catalauniques, de s’emparer du pouvoir en Italie. Qui le fera demain ? Peut être, les Ostrogoths ? Mais tous ces peuples sont faibles, il n’ont pas assez de forces pour réaliser toutes les idées d’Attila, même, s’ils avaient des chefs nobles avec des capacités excellentes. J’ai peur, que cette anarchie ne se prolonge pendant beaucoup de siècles.

Il se lève et donne l’accolade à son interlocuteur :

- C’est notre dernière rencontre. Adieu, Salvien ! »

« Les guerriers enragés d’Odoacre attaquent le camp de Pavie, brisent la résistance des troupes d’Oreste. Le fils d’Edecon, impliqué malgré lui dans la révolte contre le meilleur ami de son père, convainc difficilement ses officiers de le laisser parler avec Oreste avant son exécution. En voyant le patrice blessé et ses vêtements déchirés, son cœur se serre :

- Que Dieu me pardonne, je ne peux pas te libérer. Mais je sauverai ton fils et ta femme.

Oreste s’anime :

- Ma vie a été longue et intéressante. Je n’ai pas peur de mourir. Mais les soldats germaniques sont devenues incontrôlables. Comment veux-tu dans ces conditions sauver ma famille ?

- Je reprendrai le pouvoir en main avec l’aide de mon frère Hunulf qui doit bientôt arriver en Italie avec ses guerriers. Les Skires et les Hérules nous obéiront.

- Mais tu dois calmer tes guerriers maintenant.

- Je le sais. Il ne se calmeront qu’après ta mort.

Oreste se tait, Odoacre soutient son regard. On entend le bruit des armes et la rumeur des voix menaçantes. Le patrice dit lentement d’une voix étonnamment calme :

- Tu es très troublé. Je le vois. Merci pour ta promesse.

Odoacre parle, les larmes aux yeux :

- Je jure au nom de notre Seigneur et par la mémoire de mon père Edecon, que je suis prêt à sacrifier ma vie pour défendre les vies de ton enfant et de sa mère!

***

Quelques années plus tard. La superbe villa de Lucullus « Neapolitanum », dans le golfe de Baïs. Romulus admire les roches percées à jours, suspendues et voûtées, et de grands fossés cavés à force, pour introduire et faire courir la mer à l’entour des bâtiments. Il parle à sa mère qui nourrit des poissons dans ces eaux :

- L’Empire est mort avec mon père. Odoacre se déclare n’être que le roi d’Italie. Il ne touche heureusement pas au Sénat et aux autres institutions romaines qui continuent de fonctionner.

- Odoacre m’a dit qu’il souligne ainsi que la mort d’Oreste n’a pas été préméditée par lui, qu’il n’aspirait pas au pouvoir impérial. Je le crois car il fait tout pour soulager notre chagrin. Nous vivons en sécurité et sans souci avec un revenu de six mille pièces d’or qu’il nous a accordées.

- J’ai donc été le dernier empereur romain d’Occident !

- Oui, mon fils ! Ton père était fier que tu portes à la fois les noms du fondateur de Rome et de son premier empereur.

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- Il ne lui a manqué que quelques semaines ! Les premiers détachements de cavaliers huns étaient déjà en route vers l’Italie.

- Oreste aurait pu vivre encore plusieurs années. Sa santé était excellente. Une fois, il a dit : « Je rêve, après avoir mené une vie laborieuse, avoir une fin joyeuse et tranquille. » Devine ma réponse, elle te frappera.

Romulus regarde sa mère, voit comme elle est troublée, et devine :

- Peut être as-tu dit : « Comme Lucullus ! »

Julia sourit tristement :

- Tu me comprends parfaitement. J’ai ajouté en riant : « J’espère que ton rêve, après avoir mené une vie laborieuse, de nous faire vivre dans une superbe villa qui ressemblera à celle de Lucullus, se réalisera un jour. » Nous étions si heureux.

Romulus s’exclame :

- Incroyable ! Tes mots se sont réalisés et nous vivons dans cette célèbre villa de Lucullus, décrite par Plutarque et les autres grands écrivains. Tu sais, je veux écrire un livre sur ce qu’aurait pu être le monde du rêve de mon père si les troupes germaniques ne s’étaient pas insurgées ou si Attila avait vécu plus longtemps.

Julia regarde son fils avec une grande tendrese :

- Tu lis beaucoup de livres et aime discuter avec les philosophes. Maintenant tu n’as pas de rival dans toutes les branches de la culture. Je t’encourage à écrire des livres sur les nobles rêves de ton père que nous partagions avec lui et sur sa vie extraordinaire.

- Je les écrirai car j’ai beaucoup de temps. Le temps qui a manqué à mon père et à son ami Attila ! » »

Références

1. Tomski G. Les amis d'Attila. - Editions du JIPTO, 2005. - 360 p.

Attila : Ilk Avruplu. Istanbul : Papirüs, 2005. - 360 p.

Сокращенный авторизованный перевод на русский язык: http://attila-roman-ru.blogspot.fr/

2. Tomski G. Orest - ami d'Attila. - Editions du JIPTO, 2005. - 160 p.

На русском языке: http://attila-oreste.blogspot.fr/

3. Tomski G. Attila et Aetius. - Editions du JIPTO, 2005. - 118 p.

На русском языке: http://aet.ius-att.ila.blogspot.fr/

4. Томский Г.В. Международный проект АТТИЛА (FIDJIP-EUROTALENT-CONCORDE, vol. 6). - Editions du JIPTO, 2013. - 36 p.

5. Tomski G. Tangrisme classique // CONCORDE, 2014, N 1, p. 3-10.

(Томский Г.В. Классический тангризм)

6. Tomski G. Religion d'Attila et de Gengis Khan // CONCORDE, 2014, N 1, p. 34-67.

7. Томский Г.В. Религия Аттилы и Чингис-Хана // CONCORDE, 2014, N 1, p. 68-100.

8. Roux J.-P. La religion des Turcs et des Mongols. - Payot, 1984. - 323 p.

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CONCORDE, 2015, N 5

Monument d'Attila (La Cheppe, France)

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