Natalia Altukhova
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Archivai materials
Archives Nationales (France)
P 3027. F. lv, 130v, 136v-137,156v.
PARTIE 4
LA DIMENSION INTERNATIONALE DES GUERRES CIVILES
Hugues Daussy
LA DIPLOMATIE HUGUENOTE PENDANT LES PREMIÈRES GUERRES DE RELIGION (1562-1570)
Parmi les acquis de l'historiographie récente des guerres de religion, l'insertion de l'affrontement confessionnel interne au royaume de France dans le contexte plus vaste d'une lutte d'ampleur européenne compte parmi les plus importants. Il apparaît désormais de manière évidente que le déroulement et l'issue des guerres civiles françaises ont été étroitement influencés par l'intervention des puissances étrangères, qu'elles soient catholiques ou protestantes. Néanmoins, si le principe de l'internationalisation du conflit français dans le cadre européen d'une bipolarisation religieuse est désormais admis, les modalités concrètes de la mise en œuvre du processus d'intervention des princes européens dans le royaume restent encore mal connues. S'il est possible de s'appuyer sur quelques études récentes, afin d'envisager les ressorts de la diplomatie royale en direction de l'Espagne par exemple1, la naissance d'une diplomatie proprement huguenote et les efforts qu'elle a déployés vers les puissances évangéliques dès avant 1562 restent en revanche largement ignorés. Grâce à une vaste enquête entreprise dans les fonds d'archives européens, notamment en Angleterre, en Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas, cette zone d'ombre peut désormais être éclairée d'un jour nouveau. Il est ainsi possible de reconstituer les différentes démarches entreprises par les chefs du mouvement réformé français en direction des princes protestants étrangers, ainsi que les mécanismes d'un réseau d'émissaires et d'agents
1 Haan, B. L'amitié entre princes: Une alliance franco-espagnole au temps des guerres de religion, 1560-1570. Mayenne, 2010; Vázquez de Prada, V. Felipe II y Francia (1559-1598): Politica, religion y razón de Estado. Pamplona, 2004. © Hugues Daussy, 2016
officieux encore en gestation. Afin de livrer, de manière synthétique2, les principaux résultats de cette enquête, il conviendra en premier lieu de présenter les cibles privilégiées de la diplomatie huguenote au cours des trois premières guerres de religion, puis d'évoquer la nature des objectifs poursuivis par les concepteurs de l'action diplomatique huguenote et les moyens mis en œuvre afin de les atteindre, avant d'exposer les résultats obtenus par les agents huguenots au terme de leurs missions.
Confrontés à la puissance militaire catholique, les chefs du parti huguenot ne peuvent se contenter de compter sur leurs propres forces. La conversion massive de la noblesse française au protestantisme, notamment au sein de lignages prestigieux, et la capacité de mobilisation des Églises dans le sud du royaume permet certes aux réformés de lever rapidement des troupes suffisantes pour prendre l'offensive et résister, dans un premier temps, aux armées royales. Mais leurs ressources limitées rendent indispensables la recherche de secours étrangers s'ils veulent envisager, sur la durée, une issue favorable. Les cibles privilégiées du ballet diplomatique huguenot, orchestré dès avril 1562 par Louis de Condé et Gaspard de Coligny, sont l'Empire, les Cantons suisses, l'Angleterre et, à un degré moindre, les Pays-Bas.
Dans l'espace germanique, quelques princes sont tout particulièrement visés en raison de la bienveillance relative qu'ils ont manifestée jusqu'alors à l'égard des calvinistes français. Pour des raisons théologiques, essentiellement liées à la question de la présence réelle, la plupart des princes luthériens se montrent réticents, voire résolument hostiles à l'égard des réformés qu'ils considèrent comme des hérétiques. Toutefois, lors de la Diète réunie à Francfort en 1558, quelques-uns d'entre eux ont accepté de signer un texte de tonalité modérée, conçu par Johannes Brenz et Philip Melanchthon, afin d'éviter que la conception réformée de la présence réelle ne soit ouvertement condamnée3. C'est tout natu-
2 Pour un exposé détaillé, voir Daussy, H. Louis de Nassau et le parti huguenot, in: Entre calvinistes et catholiques: Les relations religieuses entre la France et les Pays-Bas du Nord, XVI'-XVIII' siècle: Actes du colloque, Lyon, 27-29 septembre 2007 / Éd. Y. Krume-nacker, O. Christin. Rennes, 2010. Chapitres 5 et 8. P. 387-466 et 673-721.
3 II s'agit du recès de Francfort, adopté le 18 mars 1558 comme formule d'union et signé par les trois Électeurs évangéliques, c'est-à-dire le Palatin Otton-Henri, Joa-chim II Hector de Brandebourg et Auguste de Saxe, ainsi que par les comtes palatins Frédéric et Wolfgang, le duc Christophe de Wurtemberg, le landgrave Philippe de Hesse et le margrave Charles de Bade. Le recès avait alors permis de masquer les
Tellement en direction de ces princes, supposés plus réceptifs, que sont envoyés les émissaires huguenots. Il s'agit d'abord de l'Électeur palatin Frédéric III, qui s'avance progressivement sur la voie d'une conversion au calvinisme qui devient effective en 15634, et du landgrave Philippe de Hesse, luthérien modéré, qui a peut-être également été tenté par le calvinisme et qui éprouve une vraie solidarité évangélique à l'égard des réformés français. Il s'agit ensuite du duc Christophe de Wurtemberg, luthérien fervent, mais persuadé de sa capacité à convaincre les huguenots d'adhérer à la Confession d'Augsbourg, et du margrave Charles II de Bade-Durlach, qui évolue dans l'orbite et sous l'influence du duc de Wurtemberg. Il s'agit enfin du duc Wolfgang de Deux-Ponts, lui aussi luthérien convaincu, mais qui se montre sensible au sort des calvinistes français. Trois de ces cinq princes décèdent au cours de la période concernée par cette étude. A la mort du landgrave de Hesse, en 1567, ses États sont partagés entre ses quatre fils, parmi lesquels seul le landgrave Guillaume IV Hesse-Cassel reprend la politique de son père à l'égard des huguenots, mais avec beaucoup moins d'enthousiasme. Quant au jeune Louis VI de Wurtemberg, qui succède à son père en 1568, il n'a que 14 ans à son avènement et ne joue qu'un rôle politique et diplomatique effacé. Le duc de Deux-Ponts, enfin, meurt dans le royaume en 1569, alors qu'il conduit une armée au secours des réformés français. En marge de la relation préférentielle qui s'établit entre les chefs huguenots et ces cinq États allemands, des liens diplomatiques sont encore soigneusement entretenus avec les deux Électeurs luthériens, Auguste de Saxe et Joachim II Hector de Brandebourg, qui ont également signé le recès de Francfort, mais dont la bienveillance à l'égard de la cause huguenote est beaucoup moins évidente.
divergences, en éclairant quatre points controversés de la Confession d'Augsbourg, sans condamner nommément personne. Parmi ces questions sensibles flgurait notamment celle de la Cène, à propos de laquelle il était simplement précisé, de manière consensuelle, qu'il y a présence véritable, vivante et essentielle de Jésus-Christ. Voir Poltet, J. V. Julius Pflug (1499-1564) et la crise religieuse dans l'Allemagne du XVIe siècle: Essai de synthèse biographique et théologique. Leiden, 1990. P. 351-353; Heppe, H. Die Geschichte des deutschen Protestantismus von 1577-1581 mit Fortsetzung bis zum Jahre 1583 enthaltend. Marburg, 1859. Bd. 1. S. 269-280.
4 Strohm, C. Der Übergang der Kurpfalz zum reformierten Protestantismus, in: 450 Jahre Reformation in Baden und Kurpfalz /Hrsg. von U. Wennemuth. Stuttgart, 2009. S. 87-107.
Dans l'espace helvétique, c'est naturellement en direction des quatre cantons réformés de Berne, Bâle, Zurich et Schaffhouse que sont envoyés les émissaires huguenots. La principale difficulté qui s'offre à eux est de persuader les évangéliques suisses de passer outre leur crainte du roi de France, avec lequel ils sont engagés en vertu de la paix perpétuelle de 15165. Basé à Soleure, l'ambassadeur de France veille ainsi en permanence à faire redouter des représailles militaires aux cantons évangéliques s'ils venaient à contrevenir aux clauses du traité, en apportant une aide militaire à des sujets considérés comme rebelles à Charles IX. Quant à Genève, qui reste en marge de la Confédération helvétique, mais dont les liens avec Berne sont réels, elle est avant tout une autorité morale. Pauvre et dépourvue de puissance militaire, elle ne peut être un véritable soutien pour la cause huguenote.
L'Angleterre est le troisième espace en direction duquel sont expédiés les diplomates réformés. La reine Elisabeth I, considérée par les chefs huguenots comme le leader naturel de l'Europe protestante, doit composer avec plusieurs contraintes inhérentes à la situation de son propre royaume qui l'incitent à la prudence dans la conduite de sa politique étrangère. Elle doit d'abord faire face au péril catholique venu d'Ecosse, où la France soutien le parti catholique stimulé par Marie Stuart, mais aussi à la révolte des comtés du Nord de l'Angleterre qui survient en 1569. De surcroît, elle est confrontée à une situation financière délicate qui limite sa capacité d'intervention. L'insularité anglaise et la crainte perpétuelle d'une invasion espagnole ou française par voie maritime conduit en outre la souveraine à adopter une politique de contrepoids, de balance et d'équilibre à l'égard des réformés français et néerlandais qu'il faut aider un peu, afin qu'ils ne soient pas anéantis, mais pas trop vigoureusement, afin que les troubles civils internes au royaume de France et aux Pays-Bas espagnols ne s'éteignent pas complètement, ces affrontements domestiques étant considérés par Elisabeth et ses conseillers comme une garantie de tranquillité pour l'Angleterre. Enfin, l'obsession de récupérer
5 Liés au roi de France par le Traité de paix perpétuelle conclu à Fribourg le 29 novembre 1516 avec François Ier, ils ne peuvent intervenir dans le royaume qu'en faveur du souverain et non contre lui. Leur pouvoir de décision est en outre bridé par leur appartenance au Corps helvétique, qui unit cantons catholiques et cantons protestants, dont ils ne veulent pas risquer l'éclatement par un engagement trop visible au profit des réformés français.
Calais, perdue à la suite du traité du Cateau-Cambrésis, constitue, au moins lors de la première guerre de religion, un puissant aiguillon de la politique anglaise en faveur des réformés français.
Les Pays-Bas espagnols sont le quatrième et dernier espace parcouru par les agents huguenots. Il faut toutefois attendre 1567 et le début de la Révolte pour que les chefs du soulèvement néerlandais, dont les motivations sont à la fois politiques et religieuses, fassent leur entrée dans le jeu diplomatique. Leur capacité d'intervention dans les affaires de France et leur poids dans le concert international restent néanmoins relativement modestes jusqu'à la fin de la troisième guerre civile. Guillaume d'Orange, qui prend la tête du mouvement, ne se convertira au calvinisme qu'en 1573 et seul son frère, Louis de Nassau, réformé convaincu, s'avère d'ores et déjà un allié précieux pour les chefs huguenots6.
Ces alliés potentiels sont les destinataires des différentes offensives diplomatiques lancées par les chefs huguenots à partir d'avril 1562. Les demandes qu'ils formulent dès le début des trois premiers conflits relèvent invariablement d'une logique progressive, dont la succession chronologique varie en fonction des circonstances. Ils requièrent toujours d'abord des puissances évangéliques la mise en œuvre d'une médiation diplomatique à leur profit, puis, de manière successive ou simultanée, l'octroi d'un soutien militaire et financier, ainsi que la constitution d'une alliance protestante internationale susceptible de contraindre le roi de France à la négociation.
Le premier objectif de la diplomatie huguenote est donc d'obtenir des princes protestants d'Europe qu'ils fassent pression sur le roi de France afin qu'il accepte d'infléchir sa politique à l'égard de la minorité réformée dans le sens d'une coexistence confessionnelle. Même si elle prend de l'ampleur en avril 1562, à l'occasion du début de la première guerre civile, cette demande d'intercession n'est pas une nouveauté. A l'automne 1557, après l'arrestation d'une centaine de fidèles parisiens lors du culte clandestin célébré rue Saint-Jacques, les princes et cantons évangéliques d'Allemagne et de Suisse ont déjà été requis de plaider la cause des réformés français à l'initiative de Calvin. Après de longues négociations, des ambassadeurs helvétiques et germaniques ont été envoyés à Paris en novembre 1557 et mai 1558, mais leurs missions n'ont pas été couronnées
6 Daussy, H. Louis de Nassau. P. 31-43.
de succès7. En janvier 1561, les princes évangéliques allemands réunis à Naumburg ont à nouveau été sollicités, mais leur action s'est limitée à la rédaction d'une lettre à l'intention du roi de France8. En avril 1562, le prince de Condé et Gaspard de Coligny, qui ont pris la tête du parti huguenot, s'adressent une nouvelle fois aux princes allemands et aux cantons suisses, mais aussi à la reine d'Angleterre dans l'espoir qu'ils acceptent d'exercer au plus vite des pressions diplomatiques sur Catherine de Médicis et Charles IX9.
Les demandes formulées par les chefs du parti huguenot ne se limitent pas longtemps à la sollicitation d'une médiation qu'ils savent très probablement vouée à l'échec. Dès la fin du mois de mai 1562, lorsque les premières troupes catholiques étrangères, appelées à la rescousse par la monarchie française et les triumvirs, sont annoncées aux portes
7 Daussy, H. L'action diplomatique de Calvin en faveur des Églises réformées de France (1557-1564), in: Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français, 2010. Vol. 156. P. 197-209; Lettre des Cantons évangéliques de Zurich, Berne, Bâle et Schaffhouse au roi de France [1557], in: Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français, 1868. Vol. 17. P. 165-166; Réponse du roi aux ambassadeurs des Cantons évangéliques, 5 novembre 1557, in: Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français, 1868. Vol. 17. P. 166-167; Lettre des princes protestants d'Allemagne au Roi de France, Francfort, 19 mars 1558, in: Calvini Opera. Vol. 17. N. 2835. Col. 100-103; Réponse d'Henri II aux princes allemands, Crécy, 21 mai 1558, in: Calvini Opera. Vol. 17. N. 2872. Col. 171-172; Heppe, H. Die Geschichte des deutschen Protestantismus. Bd. 1. P. 257-260.
8 Ad Carolum Maximilianum Regem Galliae, Naumbourg, 7 février 1561 (Der Naumburgische Fürstentag oder wichtige Urkunden und Acten den, wegen erneuerter Unterschrift der Augspurgischen Confession und Beschickung des Concilii zu Trident, von den Protestantischen Fürsten und Ständen in Deutschland 1561 zu Naumburg an der Saale gehaltenen Convent betreffend /Hrsg. vonj. H. Gelbke. Leipzig, 1793. S. 124-125). Robert Calinich Der Naumburger Fürstentag 1561: Ein Beitrag zur Geschichte des Lutherthums und des Melanchthonismus aus den Quellen des Königlichen Hauptstaatsarchivs zu Dresden. Gotha, 1870. S. 211-212; Wirsching, A. Kon-fessionalisierung der Aussenpolitik: Die Kurpfalz und der Beginn der Französischen Religionskriege, in: Historisches Jahrbuch, 1986. Bd. 106. S. 346-347.
9 Condé aux princes allemands, Orléans, 10 avril 1562, in: Mémoires de Condé. Vol. 3. P. 254-255. Condé aux Syndics et Conseil de Genève, Orléans, 11 avril 1562 (Archives d'État de Genève. Portefeuille Historique. N. 1712). Condé à l'advoyer et Conseil de Berne, Orléans, 11 avril 1562 (Staatsarchiv des Kantons Bern. A V 1419. Unnütze Papiere Band 54 (Frankreich II, 1552-1569). Pièce 62). Condé à Elisabeth I (Orléans. 2 avril 1562. PRO SP 70/36. Fol. 6).
du royaume, ils se résolvent à requérir un soutien militaire direct sous la forme de contingents soldés aux frais des princes évangéliques alliés. Et, à défaut de troupes régulières, dont l'envoi implique un engagement officiel et par conséquent une entrée en guerre contre le roi de France, ils réclament la levée de mercenaires dans l'Empire (reitres et lansquenets) et en Suisse10. En outre, et de manière indissociable de la demande précédente, il tentent également d'obtenir des fonds pour lever et solder ces contingents de mercenaires dont le coût mensuel est considérable. Grâce à l'exploitation de nombreux documents11, il a été possible d'établir que le coût d'un reitre tous frais compris (munitions, chariots, valets et soldes des officiers) équivaut alors à 30,5 livres tournois par mois et celui d'un lansquenet à 16,5 livres tournois par mois. Et il faut en outre ajouter les frais de levée, soit un anrittgeld de 15 livres par reitre et un laufgeld, de 3 livres par lansquenet. Si l'on considère que les mercenaires allemands refusent en général d'entrer en campagne pour moins de trois mois, il en ressort qu'engager une troupe de 1 000 reitres pour cette durée minimale revient à environ 100 000 livres tournois et qu'un régiment de 1 000 lansquenets coûte 50 000 livres tournois. D'une manière générale, au cours des trois premières guerres civiles, les huguenots demandent à leurs alliés de bien vouloir leur avancer la somme nécessaire à la levée et au premier mois de solde, à charge pour eux de les rembourser ultérieurement et de régler directement les mois de service suivants.
Enfin, les diplomates réformés ont invariablement pour mission complémentaire d'œuvrer en faveur de la constitution d'une alliance internationale des puissances protestantes européennes. Ce projet, qui s'annonce comme l'un des fantasmes récurrents des huguenots jusqu'à la fin du xvie siècle, n'est pourtant pas né en France. C'est une idée qui a
10 Instructions de Condé à Dohna envoyé vers le duc de Wurtemberg et autres princes allemands de la confession d'Augsbourg, Orléans, 14 juin [par erreur; en réalité 19 mai] 1562, in: Mémoires de Condé. Vol. 3. P. 497-499. Condé aux princes allemands, Orléans, 7 juin 1562 (Hauptstaatsarchiv Stuttgart. A 115. Bu 22).
11 Notamment une estimation de William Cecil : Coût des reitres et des lansquenets, décembre 1562 (CSP 5. N. 1381. P. 606-607), Capitulation des reytres tevezpour monseigneur le prince de Condé, 18 août 1562 (BnF. Ms fr. 6618. Fol. 136-138), et Cappitulation faicte par Monsieur le Prince de Condé avec Monsieur le Duc Jean Casimir Comte Palatin pour les reistres qu'il a amenez en France, 27 et 28 janvier 1568 (Archives du Ministère des Affaires Etrangères. 93 CP/1, Palatinat-Deux-Ponts. Supplément 1. Fol. 141-151v).
d'abord germé en Angleterre, dans l'entourage d'Elisabeth12, mais dont la mise en œuvre s'est rapidement avérée utopique. Les chefs du parti huguenot la reprennent véritablement à leur compte en 1569-157013, tout en ayant conscience des obstacles presque infranchissables que constituent les dissensions théologiques et les intérêts politiques divergents des différents partenaires potentiels. En outre, le parti huguenot souffre d'un état d'infériorité par rapport à ses interlocuteurs qui, dans le cadre de la conclusion d'une alliance, pose un problème quasiment insurmontable : ils ne constituent pas une puissance souveraine, à l'inverse de tous ceux avec lesquels ils entendent pourtant traiter d'égal à égal, et l'accusation de rébellion, portée contre eux, avec constance et à travers toute l'Europe par la diplomatie du roi de France, contribue à réduire considérablement leur crédit.
Lorsqu'éclate la première guerre civile, la tâche qui attend les agents huguenots s'annonce ainsi particulièrement ardue. Elle l'est d'autant plus que c'est dans un climat d'improvisation totale qu'est lancée la première offensive diplomatique. Faute de disposer auprès d'eux de personnages consommés dans l'art de la négociation, les chefs du parti ont recours à une multitude de diplomates de fortune qui sont expédiés dans l'Empire, en Suisse et en Angleterre, sans qu'un plan d'ensemble ait réellement pu être pensé avant le départ des premiers émissaires. Témoignage de cette navigation à vue, le nombre très important des agents employés pendant la première guerre qui traduit un émiettement de la négociation au fil des imprévus. Il est possible d'en dénombrer vingt-sept, dont onze pour le seul espace helvétique en 156214. En direction de l'Empire, les missions se succèdent également à un rythme soutenu, mais l'effort de cohérence est plus évident, puisque Guillaume Stuart de Vezines conserve pendant de longs mois la direction principale de la négociation, avant que François
12 Mont à Cecil, Strasbourg, 19 mars 1562 (CSP 5. N. 74. P. 39-40). Elisabeth I à Mont, s.l., 5 août 1563 (CSP 5, N. 434. P. 214-215).
13 Commission des chefs du parti huguenot envoyée au cardinal de Châtillon, 10 janvier 1569 (PRO SP 70/105. Fol. 81-81v), Instructions à Vezines envoyé auprès des princes protestants allemands, signées par Jeanne d'Albret, Henri de Navarre, Louis de Condé, Henri de Condé, Coligny, La Rochefoucauld et Andelot (Bayerisches Staatsarchiv Munchen. Kasten Schwarz 16682. Fol. 386-387).
14 Pour la Suisse, on peut se reporter à Rott, E. Histoire de la représentation diplomatique de la France auprès des cantons suisses et de leurs alliés et confédérés. T. 2: 1559-1610. Berne; Paris, 1902.
d'Andelot ne vienne en personne concrétiser les efforts qu'il a accomplis. Dans cet espace germanique, les émissaires réformés peuvent en outre compter sur le relais efficace de leurs coreligionnaires strasbourgeois, François Hotman et Jean Sturm, ainsi que sur l'appui de l'agent anglais Christopher Mont. A partir de septembre 1562, Strasbourg devient d'ailleurs véritablement le point d'appui de la diplomatie huguenote en terre allemande, puisque la belle-mère de Condé, Madeleine de Mailly, comtesse de Roye, s'y établit afin d'y mettre en sûreté les enfants du prince. De ce poste avancé, elle engage au nom des chefs huguenots, dont elle a reçu les pleins pouvoirs, de nombreuses négociations plus ou moins fructueuses avec le Palatinat, la Hesse et le Wurtemberg. En Angleterre, les négociations sont en revanche conduites avec davantage de coordination et par une équipe plus restreinte de diplomates. Deux binômes se succèdent ainsi : Briquemault et Séchelles, envoyés à Londres dès le début d'avril 1562, puis Jean de Ferrières, vidame de Chartres, et Robert de La Haye. Ces agents peuvent en outre bénéficier du relais local de Nicolas Des Gallars, pasteur de l'Église française de Londres depuis le 24 juin 1560, et de l'industrie de Nicholas Throckmorton, ambassadeur d'Angleterre en France, très favorable à la cause huguenote qu'il soutient avec constance depuis de longs mois. Quelle que soit sa destination, chacun des diplomates huguenots est invariablement muni de lettres de créances signées par Condé, Coligny et Andelot, les membres les plus prestigieux de la noblesse réformée française, auxquels viennent ponctuellement s'ajouter La Rochefoucauld, Genlis et Soubise, et pourvu d'instructions précises.
Lors des deuxième et troisième guerres civiles, des évolutions notables témoignent du perfectionnement du système diplomatique huguenot. Instruits des erreurs commises et nantis de l'expérience acquise pendant la première guerre civile, les chefs du parti font preuve d'une rigueur nouvelle dans la conception et la mise en œuvre de leur action diplomatique. Entre septembre 1567 et août 1570, l'improvisation cède ainsi la place à une organisation plus efficace et mieux pensée d'une politique internationale qui tient compte des évolutions géopolitiques récentes, et notamment du passage officiel du Palatinat au calvinisme. La grande innovation observée dans l'organisation de la diplomatie huguenote tient à la réduction drastique du nombre d'agents employés au profit de véritables ambassadeurs munis de larges pouvoirs et chargés de
missions de grande ampleur. En juin 1568, une grande ambassade dans l'Empire est ainsi confiée à Gervais Barbier de Francourt15, alors que Félix de Bourjac est expédié en Suisse16. Fin janvier 1569, une nouvelle étape est franchie dans ce processus de structuration d'une politique étrangère rationnelle. A Niort, lors du Conseil réunissant tous les principaux personnages du parti, à l'occasion duquel sont prises de très nombreuses décisions, la conduite des affaires diplomatiques est longuement évoquée. On décide de confier à Guillaume Stuart de Vezines, qui a déjà prouvé à plusieurs reprises ses aptitudes à la négociation, la responsabilité exclusive d'une grande ambassade en Angleterre, dans l'Empire et en Suisse17. C'est la première fois, dans l'histoire encore balbutiante de la diplomatie huguenote, qu'un seul émissaire se voit investi d'une charge aussi ample. Le souci d'agir de manière cohérente au fil d'une mission au long cours, dont on sait qu'elle s'annonce des plus complexes, justifie sans aucun doute l'importance de la responsabilité ainsi déléguée à un seul homme.
Une autre nouveauté consiste dans les lettres de créance qui sont remises à l'ambassadeur avant son départ. Jusqu'alors, les émissaires huguenots étaient invariablement pourvus de lettres signées de Louis de Condé, Gaspard de Coligny et François d'Andelot. Mais désormais, ils n'occupent plus seuls la tête du parti. Jeanne d'Albret, reine de Navarre, et son fils Henri les surpassent tous en dignité et il est naturel qu'ils joignent leur accréditation à celle des «chefs historiques» du mouvement. Cette intervention de la reine et du prince de Navarre constitue en outre un atout supplémentaire dans la manche de la diplomatie huguenote, notamment auprès des princes allemands. Habitués à traiter de puissance souveraine à puissance souveraine, les évangéliques de l'Empire éprouvaient bien des réticences à considérer Condé et Coligny, simples chefs de parti, comme des interlocuteurs valables. Même si elle ne dirige pas un État des plus prestigieux, Jeanne d'Albret n'en contribue pas moins,
15 Instructions à Monsieur de Francourt, Noyers, 27 juillet 1568 (Hessisches Staatsarchiv Marburg. 4f. Frankreich 50. Fol. 7-10 et Hauptstaatsarchiv Stuttgart. A 115. Bü 28).
16 Instructions de Condé et Coligny à Bourjac, Noyers, 13 août 1568 (BnF. Ms fr. 16942. Fol. 430-431).
17 Instructions à Vezines, Niort, 31 janvier 1569 (Hessisches Staatsarchiv Marburg. 4f. Frankreich 117. Fol. 380-396).
par sa caution, à conférer un surcroît de légitimité à l'ambassadeur qui s'apprête à partir pour son long périple. Ce ne sont ainsi pas moins de six lettres de créances, signées Jeanne d'Albret, Henri de Navarre, Louis de Condé, Gaspard de Coligny, François de La Rochefoucauld et François d'Andelot, datées, comme les instructions, de Niort le 31 janvier 1569, adressées à chacun des souverains qu'il doit visiter, qui sont remises à Vezines18.
Itinérant par définition, le corps diplomatique huguenot en gestation trouve également, lors de la troisième guerre civile, l'occasion de s'offrir deux postes avancés qui servent de véritables centres nerveux aux entreprises lancées en Angleterre et dans l'Empire. Londres est le premier de ces cœurs du système diplomatique réformé, essentiellement grâce à la présence d'Odet de Châtillon, frère de Coligny et Andelot, toujours cardinal en dépit de son ralliement à la cause huguenote, et qui s'est établi dans la capitale anglaise en septembre 156819. Dans les bonnes grâces d'Elisabeth et de William Cecil, il sert de point d'appui et de relais aux agents qui viennent négocier à Londres ou qui transitent par l'Angleterre avant de gagner l'Empire. Sa position stratégique et son rang lui confèrent un rôle essentiel dans la conduite des missions et une petite équipe à géométrie variable, en fonction des allées et venues des émissaires, se constitue autour de lui. Au tout début de 1569, Châtillon reçoit en outre une commission l'accréditant comme le représentant officiel du parti huguenot en Angleterre, ce qui fait
18 Plusieurs jeux identiques de ces lettres de créance sont conservés dans les archives allemandes. À titre d'exemple, on citera celles adressées au duc Guillaume de Brunswick-Lunebourg (Niedersächsisches Landesarchiv, Hauptstaatsarchiv Hannover. Celle Br. 16 Nr. 41. Fol. 3-24), et celles destinées au duc Louis de Wurtemberg, Hauptstaatsarchiv Stuttgart, A 115, Bü 35. Les lettres adressées à Louis de Wurtemberg ont été publiées dans Schott, T. Herzog Ludwig von Württemberg und die französischen Protestanten während des dritten Religionskriegs (1568-1570), in: Festschrift zur vierten Säcular-Feier der Eberhard-Karls-Universität zu Tübingen:. Stuttgart, 1877. S. 60-62. Les lettres de La Rochefoucauld n'ont pas été conservées, mais on sait qu'elles ont existé car Vezines y fait référence lorsqu'il énumère, le 28 août 1569, les différents auteurs de ses lettres de créance dans les instructions qu'il remet à Jacob Landsberger. Instructions de Vezines à Landsberger, Strasbourg, 28 août 1569, in: Briefe Friedrichs des Frommen. P. 354-355.
19 Atkinson, E. G. The Cardinal of Châtillon in England (1568-1571), in: Proceedings of the Huguenot Society of London, 1888-1891. Vol. 3. P. 260-261.
de lui une sorte d'ambassadeur résident20. Le second cœur de la diplomatie réformée hors du royaume est Heidelberg, capitale de l'Électeur palatin, où se tiennent notamment de très nombreuses discussions au sujet de la formation de l'alliance protestante internationale appelée de leurs vœux par les huguenots. Vezines y séjourne souvent afin d'organiser l'action concertée des quelques agents qui lui sont subordonnés dans l'Empire et les cantons suisses.
Les efforts diplomatiques déployés par les huguenots avec plus ou moins de cohérence au cours des trois premières guerres civiles n'ont pas été sans produire des résultats dont il convient, pour finir, de dresser un tableau synthétique.
La demande régulièrement formulée d'une intervention diplomatique en leur faveur auprès du roi de France s'est en général toujours soldée par une réponse favorable. Pour les princes allemands et les cantons suisses évangéliques, une telle démarche ne coûte rien et n'engendre aucun risque. En acceptant de plaider en faveur de l'établissement d'une coexistence confessionnelle dans le royaume et de l'octroi, par le monarque, de la liberté de conscience et d'une liberté de culte suffisante à ses sujet huguenots, les princes protestants ne font que réitérer une doléance qu'ils ont déjà présentée en 1557 et 1558. Il en va de même pour la reine d'Angleterre. Toutefois, il ne suffit pas aux princes étrangers de vouloir intercéder en faveur des huguenots; encore faut-il que Charles IX et Catherine de Médicis acceptent de recevoir leurs représentants. Si Élisabeth d'Angleterre passe régulièrement par le truchement de Throckmorton, son ambassadeur résident, et exceptionnellement par le canal d'Henry Sidney, envoyé en France en mai 1562, les princes allemands doivent avoir recours à des délégations extraordinaires qui ne peuvent pénétrer dans le royaume et gagner la cour sans l'autorisation expresse du souverain. Ainsi, les ambassadeurs allemands restent bloqués à Strasbourg tout le mois de juin 1562, avant que l'émissaire qu'ils ont dépêché auprès du roi afin de requérir une audience ne revienne
20 Cette commission, signée par par Jeanne d'Albret, reine de Navarre, Henri de Navarre, Louis de Condé, Henri de Condé, Gaspard de Coligny, François de La Rochefoucauld et François d'Andelot, est conservée au (PRO SP 70/105. Fol. 77-82v). Un résumé en anglais, très complet, de ce texte figure dans: Atkinson, E. G. The Cardinal of Châtillon. P. 212-218.
porteur d'un refus pur et simple21. La radicalisation de l'affrontement qui oppose les huguenots et le roi au cours des deuxième et troisième guerres civiles rend plus utopique encore la réussite de toute entreprise de médiation. Cette forme de soutien perd ainsi beaucoup de son importance entre 1567 et 1570. Seule la mission confiée à Félix de Bourjac en août 1568, à la veille de la reprise des troubles, consiste notamment en l'obtention d'une ambassade des cantons suisses auprès du roi de France, mais l'action victorieuse de Bellièvre, qui réussit à effrayer les députés helvétiques réunis à Soleure, tue dans l'œuf cette seule tentative22. Par la suite, ce sont les évangéliques allemands qui, en 1569, envisagent à plusieurs reprises l'engagement d'une démarche diplomatique au profit des réformés français. Il ne s'agit certes pas d'envoyer un ambassadeur, mais seulement de s'adresser à Charles IX par le truchement d'une lettre, cosignée par un certain nombre de princes. Finalement, le projet n'aboutit pas23. Quelques mois plus tard, une tentative similaire est à nouveau mise à l'ordre du jour. A l'occasion du mariage de Jean-Casimir et de la fille d'Auguste de Saxe, célébré à Heidelberg le 5 juin 1570, plusieurs princes protestants allemands se réunissent quelques jours avant l'ouverture de la Diète de Spire. C'est durant leur séjour qu'est rédigée une lettre adressée à Charles IX, datée de Heidelberg le 12 juin 1570, et signée par l'Électeur palatin, l'Électeur Auguste de Saxe, le margrave Georges-Frédéric de Brandebourg-Ansbach, le duc Louis de Wurtemberg, les landgraves Guillaume, Philippe et Georges de Hesse, le duc Adolphe de Holstein-Gottorp et le margrave Charles de Bade. La missive consiste exclusivement en une supplique au profit des réformés français, pour lesquels ils demandent l'octroi d'une totale liberté de culte dans
21 Heidenhain, A. Die Unionspolitik Landgraf Philipps von Hessen und die Unterstützung der Hugenotten im ersten Religionskriege (1557-1562). Halle, 1890. S. 429. Mont à Cecil, Strasbourg, 30 juin 1562 (CSP 5. N. 267. P. 141).
22 Rencontre des députés des Cantons avec l'ambassadeur de France, Soleure, 27 septembre 1568, Amtliche Sammlung der ältern Eidgenössischen Abschiede. Bd. 4. Abt. 2: 1556-1586 / Hrsg. von J. K. Krütli. Bern, 1861. S. 397-398. Diète générale des Cantons, Bade, 29 septembre 1568, Amtliche Sammlung. S. 399; Rott, E. Histoire de la représentation diplomatique. P. 76-77; Gobât, A. La république de Berne et la France pendant les guerres de religion. Paris, 1891. P. 50-60.
23 Kouri, E. I. England and the attempts to form a protestant alliance in the late 1560's: A case study in European diplomacy. Helsinki, 1981. P. 160-161.
le royaume de France24. Parvenue à destination alors que les négociations de la paix de Saint-Germain entre les huguenots et le roi sont déjà bien avancées, cette lettre n'a sans doute eu que peu d'influence.
Les demandes de soutien militaire formulées par les huguenots ont également remporté un succès mitigé. L'envoi de troupes régulières, qui suppose une entrée en guerre contre le roi de France, est presque impossible à obtenir. Seule l'Angleterre accepte de courir ce risque en 1562, mais elle est alors fortement motivée par l'espoir de récupérer Calais, que lui ont fait miroiter les diplomates huguenots. Le 20 septembre 1562, Jean de Ferrières et Robert de La Haye ont conclu au nom des chefs du parti le traité d'Hampton Court, en utilisant un parchemin en blanc, paraphé à l'avance par le prince et ses associés réunis à Orléans. Ce document complexe stipule notamment que Condé livrera Le Havre aux Anglais et facilitera de tout son pouvoir leur entrée à Rouen et à Dieppe. Le Havre sera occupé par 3 000 soldats anglais, alors que 3 000 autres seront envoyés à Dieppe et à Rouen. Un subside de 100 000 écus est en outre accordé au prince, versé en deux fois. Une aide complémentaire de 40 000 écus sera encore versée ultérieurement à Condé, afin de lui donner les moyens de subvenir aux besoins des deux garnisons de Dieppe et de Rouen. Lorsque ce dernier subside sera entre les mains du prince, les troupes anglaises évacueront ces deux villes afin d'y laisser la place à des soldats français. Il est également prévu qu' Elisabeth rendra Le Havre à la France en échange de la restitution à l'Angleterre de Calais et de ses alentours, qui sera obtenue du roi grâce à la médiation de Condé25. En vertu de ce traité, qui a beaucoup été reproché aux huguenots accusés de trahison, les troupes anglaises ont effectivement pénétré dans le royaume afin d'occuper Dieppe et Le Havre, où 5 000 soldats ont été cantonnés,
24 Les princes allemands à Charles IX, Heidelberg, 12 juin 1570, in: Briefe Friedrichs des Frommen. S. 398. N.°620. Une autre lettre plus courte est adressée à Catherine de Médicis. Waddington, A. La France et les protestants allemands sous Charles IX et Henri III: Hubert Languet et Gaspard de Schömberg, in: Revue historique, 1890. Vol. 42. P. 256. Ces lettres sont imprimées dans Histoire de nostre temps, contenant un recueil des choses mémorables passées & publiées pour le faict de la Religion & estât de la France, depuis ledict de paciffication du 23. jour de mars, 1568 jusques au jour présent. La Rochelle, 1570. P. 780-785.
25 La transcription du texte original du traité, en latin, est reproduite dans A füll view of the public transactions in the reign of Q. Elizabeth. Londres, 1741. Vol. 2. 48-51; Mémoires de Condé. Londres, 1743. Vol. 3. P. 689-693.
mais après la paix d'Amboise, Condé et Coligny se sont rétractés, niant contre l'évidence avoir accepté de livrer Calais, et l'expédition anglaise s'est achevée par un désastre militaire, vaccinant pour longtemps Elisabeth contre toute nouvelle velléité d'intervention armée sur le sol français. Si les princes allemands se sont montrés plus prudents, en refusant d'envoyer des troupes régulières, ils ont en revanche favorisé la levée d'importants contingents de mercenaires qu'ils ont parfois conduits eux-mêmes dans le royaume de France. En 1562, c'est le landgrave de Hesse qui prête aux huguenots son maréchal Friedrich von Rolshausen pour conduire l'armée levée par Andelot, forte de 3 500 reitres et 4 000 lansquenets26. En 1568, lors de la deuxième guerre, l'engagement est plus officiel du côté de l'Électeur Palatin qui envoie son fils Jean-Casimir dans le royaume à la tête d'un contingent de 8 000 reitres et 3 000 lansquenets27. Certains de ces soldats sont à nouveau offerts par le landgrave de Hesse28. En 1569, enfin, c'est le duc Wolfgang de Deux-Ponts qui pénètre dans le royaume à la tête d'une armée de 7 446 lansquenets et 7 551 reitres29. Wolfgang meurt à la veille de la jonction avec Coligny dans l'ouest du royaume, mais il est remplacé à la tête de ses troupes par Wolrad de Mansfeld qui en prend alors le commandement.
Ce soutien militaire n'est cependant pas gratuit, car les princes allemands ne prennent pas tous les frais à leur charge. Ils acceptent parfois de payer la levée et un mois de solde, mais en général ils ne font que prêter de l'argent qu'il faut ensuite rembourser à des termes variables. Ces prêts sont plus ou moins généreux. En 1562, par exemple, le landgrave de Hesse, le duc de Wurtemberg, l'Électeur palatin, le duc de Deux-Ponts et le margrave de Bade acceptent de prêter collectivement la somme de 100 000 florins (soit 150 000 livres tournois) à Condé30. La reine d'Angleterre est également constamment sollicitée pour des prêts d'argent. Elle y consent parfois et elle verse, par exemple, 173 000 livres tournois à Coligny en 156331, afin de lui permettre de solder ses reitres. Parfois, elle
26 Heidenhain, A. Die Unionspolitik Landgraf Philipps. S. 459.
27 Kouri, E. I. England and the attempts to form a protestant alliance. P. 59-60.
28 Gräf, H. T. Konfession und internationales System: Die Aubenpolitik Hessen-Kassels im Konfessionellen Zeitalter. Marburg, 1993. S. 145.
29 Bachmann, J. H. Herzog Wolfgangs zu Zweybrücken Kriegs-Verrichtungen. Manheim, 1769. S. 25-31.
30 Heidenhain, A. Die Unionspolitik Landgraf Philipps. S. 459.
31 Throckmorton à Elisabeth I, Caen, 1er mars 1563, in: A fullviem of the public transac-
octroie aux huguenots des prêts gagés sur des bijoux, comme en 1569, lorsqu'elle accorde 200 000 livres tournois en échange de joyaux envoyés par Jeanne d'Albret32. Les Suisses en revanche, n'accordent quasiment jamais d'argent. Les limites de la générosité allemande sont particulièrement évidentes pendant la deuxième guerre civile. Lorsque l'armée huguenote opère la jonction avec les troupes levées par Jean-Casimir, les colonels de reitres et de lansquenets exigent le paiement de leur premier mois de solde, soit 100 000 écus pour leur entrée en campagne. Les chefs huguenots ont alors recours à un expédient inédit, révélateur de leur détresse financière, puisqu'ils sollicitent la contribution de l'ensemble des membres de leur armée, des gentilshommes les plus éminents aux simples valets. Exhortés par les pasteurs et les capitaines, tous participent à l'effort à la mesure de leurs moyens. Les plus aisés offrent leur vaisselle d'or et d'argent, des chaînes en or et leurs objets les plus précieux qui, ajoutés aux cotisations des plus modestes, permettent de réunir la somme de 80 000 livres tournois, soit un peu plus du quart des 100 000 écus requis par les colonels qui acceptent finalement de s'en contenter33. Les prêts contractés par les chefs réformés au cours des trois premières guerres civiles sont ruineux à terme pour les finances huguenotes, car on n'arrive jamais à les rembourser. En janvier 1571, un document atteste l'existence d'une dette globale d'un montant 3 366 173 livres tournois, dont 42 % sont relatifs à l'expédition de Wolfgang34. Les très longs séjours accomplis par les mercenaires dans le royaume et les arriérés de solde considérables qui se sont accumulés expliquent l'importance de ces sommes.
tions in the reign ofQ. Elizabeth:. Londres, 1741. P. 342-343.
32 Inventaire des bijoux envoyés en Angleterre, 12 juin 1569 (BnF. Moreau 718. Fol. 165-166). Remerciements de Henri de Condé à Cecil et Leicester, 4 juillet 1569, de Henri de Condé à Elisabeth, 5 juillet 1569, et d'Odet de Châtillon à Pembroke, 6 juillet 1569 (British Library Ms Cotton Caligula E VI).
33 François de La Noue. Discours politiques et militaires / Éd. F. Edmund Sutcliffe. Genève, 1967. P. 688-689; La Popelinière. L'Histoire de France, enrichie des plus notables occurrances survenues ez Provinces de l'Europe & pays voisins, soit en Paix soit en Guerre; tant pour le Fait Seculier qu'Ecclesiastic: depuis lan 1550 iusques a ces temps. La Rochelle, 1581. Vol. 1.2 . P. 41v-42.
34 Estât des deniers que la royne de Navarre, messeigneurs les princes de Navarre et de Condé, sieurs et gentilhommes et tous autres de la Religion sont tenuz et obligez paier tant aux es-trangiers que autres pour raison des troubles dont la levee se doibt promptement faire pour les termes de Pasques et septembre prochains, 18 janvier 1571 (BnF. Ms. fr. 23032. Fol. 83-83v).
Enfin, il faut évoquer l'issue des démarches diplomatiques accomplies en vue de la constitution d'une alliance protestante internationale. C'est surtout à l'occasion de la troisième guerre civile que ce projet est défendu avec vigueur par Vezines, l'ambassadeur huguenot, qui bénéficie du soutien de plusieurs agents anglais et surtout de l'appui sans réserves de l'Électeur palatin, désormais calviniste, qui s'affirme comme le principal promoteur du projet auprès des autres princes allemands. Ces derniers, luthériens, ne voient pas l'entreprise d'un bon œil car ils la jugent risquée. Afin de prendre une décision collective, une conférence est tenue à Erfurt en septembre 1569. Elle réunit les représentants de vingt et un princes évangéliques allemands en présence de Jacob Landsberger, désigné par Vezines pour représenter les intérêts huguenots35. La proposition de constitution d'une ligue protestante est rejetée, sous l'impulsion des deux Électeurs luthériens de Saxe et de Brandebourg. A la différence religieuse avec les calvinistes, qui pousse notamment les luthériens à refuser toute alliance, s'ajoute la dimension politique du combat réformé et le fait de n'avoir pas affaire à un prince souverain, mais à un «parti» au sein d'un État. Cette difficulté insurmontable explique d'ailleurs que les princes de l'Empire traitent officiellement avec la Navarre, et non avec le parti huguenot, ce qui donne une connotation plus acceptable aux négociations dans leur esprit. Ils considèrent ainsi que la prise d'armes huguenote n'est qu'une rébellion de sujets contre leur prince légitime, ce qui n'est pas tolérable à leurs yeux. Tous les efforts déployés par Vezines pendant de longs mois, afin de démontrer le contraire et susciter dans l'Empire un élan de solidarité évangélique, s'avèrent ainsi d'une vacuité totale. La déception n'est toutefois pas réservée aux réformés français, puisque l'assemblée repousse en bloc, et à une écrasante majorité qui confine à l'unanimité, toutes les propositions alternatives, présentées par les délégués de l'Électeur palatin, jusqu'à celle d'une alliance défensive strictement restreinte aux États évangéliques allemands. Par déférence à sa qualité, les députés présents à Erfurt daignent gratifier Élisabeth I d'une lettre explicative de leur décision, un égard auquel n'a droit aucun des chefs huguenots, pas même la reine de Navarre. La souveraine anglaise se voit ainsi exposer la raison fondamentale du renoncement luthérien : les princes allemands ont fait le choix de préserver la Paix
35 Instructions remises à Jacob Landsberger, Strasbourg, 28 août 1569 (Bayerisches Staatsarchiv Mûnchen. Kasten Schwarz 16682. Fol. 386-387).
d'Augsbourg, qu'ils ont jurée et qui les protège de tout conflit à l'intérieur de l'Empire36.
Durant les trois premières guerres de religion se développe ainsi une diplomatie huguenote encore expérimentale, mais qui ne cesse de se perfectionner au fil des conflits. Les résultats obtenus, bien qu'inférieurs aux espoirs conçus, sont toutefois pour beaucoup dans la capacité de résistance de l'armée huguenote. Nul doute que sans les contingents levés dans l'Empire, le destin de la Réforme française s'en serait trouvé profondément modifié. Dans les derniers mois de la première guerre, c'est uniquement grâce à sa cavalerie essentiellement composée de reitres et au soutien financier de l'Angleterre que Coligny a pu maintenir une pression militaire suffisamment forte pour négocier la paix d'Amboise dans des conditions acceptables. En mars 1568, c'est la puissance militaire conférée à l'armée huguenote par les troupes de Jean-Casimir qui a contraint la monarchie à signer la paix de Longjumeau. Enfin, en 1569, les troupes allemandes ont représenté jusqu'à la moitié du potentiel militaire huguenot et c'est une nouvelle fois sur les reitres que Coligny s'est appuyé afin de reconstituer son armée après les défaites de Jarnac et de Moncontour. Quant au projet de ligue protestante internationale, l'échec de 1569 ne l'enterre pas définitivement, loin de là, car ces premiers essais annoncent des entreprises diplomatiques encore plus ambitieuses, surtout entre 1583 et 1587, lorsque Henri de Navarre s'efforcera de susciter à nouveau la création d'une alliance évangélique européenne, sans davantage de succès.
Information on the article / Информация о статье
Daussy, H. La diplomatie huguenote pendant les premières guerres de religion (1562-1570) , in: Proslogion: Studies in Médiéval andEarly Modem Social History and Culture. 2106. Vol. 1(13). P. 247-269.
ЮгДосси
Доктор истории, профессор, университет Франш-Конте (25000, Франция, Безансон, 1 ул. Клода Гудимеля)
hugues.daussygiuniv-fcomte.fr
36 Les détails du déroulement des débats sont donnés dans Kouri, E. I. England and the attempts to form a protestant alliance. P. 150-164. On pourra également se référer au rapport fait par l'envoyé de Georges-Frédéric de Brandebourg-Ansbach, publié intégralement dans Schornbaum, К. Markgraf Georg Friedrich von Brandenburg als Vermittler zwischen den evangelischen Fürsten (1567-1570), in: Archiv für Reformationsgeschichte, 1929. Bd. 26. S. 205-249. S. 205-249.
УДК 94 (44)
Гугенотская дипломатия во время первых Религиозных войн (1562-1570)
В статье рассматривается дипломатия начального периода крупного международного конфликта XVI в. — Религиозных войн во Франции. Проблема вмешательства иностранных государей во французские дела до сих пор остается малоизученными. В частности, мало что известно об обстоятельствах рождения собственно гугенотской дипломатии и тех усилиях, которые она развернула еще до 1562 г., с целью установления контакта с иными европейскими протестантскими государствами.
Автор показывает, что основы гугенотской дипломатии были заложены именно ходе первых трех гражданских войн (1560-е гг.). И хотя достигнутые за это время результаты оказались ниже ожидаемых, их эффективность подтверждалась для многих высокой боеспособностью армии гугенотов, что демонстрирует, в частности, сильное влияние Коли-ньи и в последние месяцы первой войны. Дипломатические усилия протестантов сформировали своего рода регулярный гугенотский дипломатический корпус, добившийся важных успехов в конце религиозных войн и во многом обеспечивший восшествие на трон Генриха Наваррского.
Ключевые слова: История Франции, XVI век, Религиозные войны, католики и гугеноты, гугенотская дипломатия, рейтары, ландскнехты, адмирал Колиньи, принц Конде, Екатерина Медичи, Карл IX, Елизавета Тюдор, немецкие князья.
Hugues Daussy
Doctor in history, professor, University of Franche-Comté (25000, France, Besançonl Rue Claude Goudimel)
hugues.daussygjuniv-fcomte.fr
The Huguenot diplomacy during thefirst Wars of Religion (1562-1570)
The article studies diplomacy of the greatest international conflict the 16th century, the Religious wars in France. Studies of interference of foreign sovereigns in French affairs are still poorly examined. In particular, we still know little about the circumstances of the Huguenot diplomacy formation and the their political efforts before 1562 in order to establish contact with other European Protestant states.
The author has shown that the Huguenot diplomacy was formed during the first three Civil wars (1560s). Although the results obtained were below expectations, its effectiveness was confirmed by the high military capability of the Huguenots. One of the examples was the great influence of the Protestant leader Admiral Coligny, who was able to maintain strong military pressure even in the last months of the First civil war. Diplomatic
efforts of the Protestants formed a kind of regular Huguenot diplomatic corps, that achieved important successes at the end of the Religious wars and in many aspects ensured the accession to the throne of Henry of Navarre. Keywords : History of France, the 16th century, Religious wars, Catholics, Huguenots, the Huguenot diplomacy, reinters, mercenaries, Admiral Coligny, Prince de Condé, Catherine de Medici, Charles IX, Elisabeth Tudor, German princes.
Список источников и литературы / References
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Der Naumburgische Fürstentag oder wichtige Urkunden und Acten den, wegen erneuerter Unterschrift der Augspurgischen Confession und Beschickung des Concilii zu Trident, von den Protestantischen Fürsten und Ständen in Deutschland 1561 zu Naumburg an der Saale gehaltenen Convent betreffend / Hrsg. von J. H. Gelbke. Leipzig: Crusius, 1793. 300 S.
Entre calvinistes et catholiques: Les relations religieuses entre la France et les Pays-Bas du Nord, XVI -XVIII' siècle: Actes du colloque, Lyon, 27-29 septembre 2007 / Éd. Y. Krumenacker, О. Christin. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2010. 423 p.
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